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Retrouvailles de toute l'équipe (Claudine, Claude, Christian, Daniel, Jean-Pierre et Patrice) au café du coin (Rotonde de la Villette), qui nous gratifie même d'un air de jazz de bon aloi. À cette heure matinale, c'est plutôt rare et dynamisant. Premier coup de tampon sur nos cartes de route et après le traditionnel café/croissant, premier coup de pédale vers 9 h.
Jean-Pierre emmène même un passager clandestin, à savoir une grosse crève qui ne le quittera qu'à Berlin. Ce genre de passager est plutôt encombrant.
Notre expérience de l'année dernière le long du canal de l'Ourcq nous permet de ne pas faire trop de détours. C'est en tout cas un bon moyen de quitter Paris, même s'il faut parfois slalomer entre les Bétonnières "Des Ciments Lafarge".
A partir d'Aulnay sous Bois c'est nettement plus bucolique.
Première crevaison de la roue avant du vélo couché de Patrice. C'est sûrement un point faible de cette belle mécanique.
Pour donner un peu de piment à la chose, les nuages noirs, qui nous poursuivaient, nous rattrapent et nous avons droit à notre première averse.
Puis c'est une succession de moutonnements dans la campagne de Seine et Marne.
Vers 13 h, Claudine suggère un abribus pour le pique-nique . Il n'est guère enthousiasmant. Il n'y a même pas de banc. Les plus délicats proposent de continuer. Une averse subite met tout le monde d'accord. Nous sommes bien heureux d'être ainsi à l'abri pour déguster nos modestes sandwichs.
A Oulchy le Château, Jean-Pierre obtient notre 2° coup de tampon auprès de la pharmacienne du cru. Compte tenu de son état, il sera ainsi beaucoup en contact avec les pharmaciennes françaises et allemandes qui seront sur sa route.
Comme c'est l'heure du thé, Daniel, qui est un fanatique de la chose, propose un arrêt goûter.
Ce fut une idée lumineuse, car bien au sec nous contemplons des trombes d'eau qui s'abattent sur "nos vélos".
L'averse passée, il ne reste plus que 30 km pour rejoindre Fismes, notre première étape.
Qui connait Fismes, modeste bourgade, située le long de la Vesle, affluent de l'Aisne?
Et pourtant que d'Histoire! Fismes était la dernière étape pour les rois de France qui allaient se faire couronner à Reims.
Napoléon, y a signé 2 décrets. Et enfin en 1927 la ville a vu naître Albert Uderzo.
C'est maintenant la 1° étape des Paris-Copenhague, Paris-Berlin, etc.
L'arrêt à Fismes est d'autant plus conseillé que la Famille Domouselle vous accueillera chaleureusement dans ses confortables chambres d'hôtes. Les vélos seront bien à l'abri dans le garage. Vous y ferez bombance.
Et pour donner une note patriotique à notre périple, Mr Domouselle nous a offert un petit drapeau français. Claude, qui en a été le dépositaire a ainsi porté haut et loin les 3 couleurs.
Au petit déjeuner , nous récupérons la lessive faite par la dame du gite qui nous a bien accueillis. Nous avons le vent dans le dos toute la journée, et une pluie fine nous accompagne par intermittence. Après une succession de côtes, nous bénéficions d’une superbe descente. Claude casse un rayon et répare sur le champ. A l’instar d’un touriste, nous goutons à des mirabelles sur le bord de la route. Plats, vrai faux plats s’enchainent jusqu’à midi. Le pique-nique acheté, nous déjeunons sur un banc, et nous avons en prime le café offert par les organisatrices de la fête locale qui a eu lieu la veille.
L’après-midi nous tentons une coupe sur un chemin non revêtu, et nous sommes récompensés par le point de vue et un troupeau de chevaux galopant. Notre route est celle du Porcien, et elle est de plus en plus collineuse à l’approche de Charleville Mézières. Nous empruntons le parcours d’une course cycliste bien vallonnée. Nous avons juste le temps de voir le musée Rimbaud et la place de l’Hôtel de Ville.
La tonalité de la journée est donnée bien avant le lever : le roulement des voitures qui démarrent au feu rouge situé au pied de l’hôtel a cette sorte de petit bruit de grésil nous avertissant de ce qui nous attend : la flotte, la vase, la rincée, bref l’ignoble pluie dont seul un parisien bobo en villégiature dans les côtes d’Armor avec son ciré Helly Hansen et ses mouflets qui préfèreraient être devant leur console, peut affecter d’apprécier le côté tonique et vivifiant. Bref, pour n’être pas affichée (car on est en vacances, quand même, et on a la courtoisie de ne pas infliger ses états d’âme à ceux qui ont exactement les mêmes), la morosité affleure. Le petit déjeuner reste hélas franchouillard, et on attend avec impatience les petits dej germaniques, avec œufs, saucisses, jambon, laitages, céréales, crudités, fruits, Nutella et tout le tremblement. .
Discussion habituelle pour sortir de la ville, entre les Garmineux, les Michelinistes, les itinéraristes sur 21 x27 et les intuitifs (ceux qui n’ont rien). Chacun pense que les autres ont tort, mais le garde pour soi. Au troisième trait d’union, on a appris à faire dans le consensuel et il vaut mieux se gourer dans la béatitude partagée que voir triompher la vérité dans le sang, les cris et les larmes.
Première côte au sortir de la ville, le pendant de la descente de la veille au soir, c’est-à-dire pentue, longue, et au milieu du trafic. Et on se retrouve à la fin aussi trempé dedans que dehors, ce qui met rapidement dans l’ambiance du reste de la journée. Le début de la matinée se passe au milieu des stratus, et à défaut de pouvoir photographier les pourtant superbes paysages des Ardennes, nous nous rabattons sur le grand classique, à savoir le panneau frontalier franco-belge .
La route se suit et se ressemble. Pause de midi à Saint-Hubert, haut lieu de la chasse. Nous prenons place au bistrot du coin de la place, et pendant que Claude s’attaque à la réparation d’un rayon cassé, nous nous attablons (non sans tenter de faire sécher Gore-tex, chaussures, chaussettes si possible pas trop près de la table, d’avance merci). Le repas se révèlera médiocre (réchauffage au micro-ondes de lasagnes industrielles qui vous font prendre un demi kilo rien qu’à les regarder) et cher (le pompon de la pomponnette de tous les repas du voyage). Mais on était au sec.
L’étape se poursuit, et la pluie s’atténue quelque peu sans cesser complètement. Un arrêt au supermarché d’Houfflaize (nous sommes prévenus que l’hôtel est sans restauration ce soir là). La caissière nous pourvoit généreusement en petits sacs en nylon multicolores qui nous seront d’un grand usage même si, se maculant progressivement de boue et de graisse, ils feront de moins en moins « classe » au fil des arrivées dans les hôtels.
C’est enfin l’étape du soir, dans une sorte de « ranch » un peu atypique. Les vélos seront (moyennant finances) en sécurité : circuit vidéo dédié. Le pique-nique a lieu dans la salle de restaurant, arrosé d’une Hooegarden rosée mémorable.
On a payé l'hôtelier (flamand) la veille car on ne rigole pas, à Cherain ! Alors départ dès le matin après un ptidej correct. Il ne pleut même pas plus que d'habitude. Comme des canards à vélo, on a du s'habituer. On part vent dans le dos vers Gouvy, puis vers la frontière allemande.
En fait il pleut beaucoup, ce matin, et cette Belgique ressemble à l'Allemagne tout en étant belge et pas flamande, alors on s'y perd un peu. On dira que c'est la fièvre, ou on ne dira rien. Sur les bords des routes, des vaches mouillées, vent dans le dos, nous regardent passer sans rien dire. À moins que ce ne soit des éoliennes déguisées en vaches mouillées. La pensée se trouble dans ces lieux humides et troubles. Mais le vent est toujours dans le dos et on ne voit aucun canard sur le bord des routes: tous sont à l'abri.
On longe looonguement, puis on passe, enfin, la frontière allemande à Lusheimergraben (atchoum !). On y rencontre un monsieur allemand tout seul roulant sur son gros vélo sous une cape très luxe. Bonjour, Guten tag, le monsieur nous photographie obligeamment, puis on repart car il faut bien manger.
Une auberge ouverte nous fait enfin signe dans un village qui passe. Tous sauf nous fument à l'intérieur. Le cuisinier allume un feu dans le poêle. Il faut dire qu'on est tous trempés et qu'on fait pitié. Il a du un peu pleuvoir dehors, mais on oublie …
Dans l'assiette, il y a maintenant une soupe avec des morceaux de viande, puis un plat chaud lui succède. Il faut bien ça. On repart.
On croyait avoir quitté les Ardennes Belges, mais on continue, mine de rien, à monter des côtes monstrueuses. On en oublie les descentes après. Sur le vélo, pas d'explication rationnelle à ce phénomène. Ensuite, en rationalisant tout ça, il semble, comme dit Poulidor, qu'on monte moins vite qu'on ne descend, qu'en montant, on se trempe la couenne de transpiration sous le Gore-Tex et qu'en descente, on se la gèle (la couenne, toujours, mais mouillée et froide), même sous le Gore-Tex qui est toujours là pour barrer le passage à la pluie du dehors.
Beau paysage bucolique. L'alcool et le tabac doivent aider mais, à vélo, nous en manquons cruellement. Comme il ne pleut pas, la lumière, de blafarde, devient belle. À perte de vue, s'étendent des collines enroulées dans des écharpes engluées de nuages. De là, partent des volées d'éoliennes, qui ressemblent toujours à des vaches mouillées, étant entendu qu'on ne voit toujours pas le moindre canard.
À Bad Munstereifel (atchoum !), on prend même un pot au bord de la rivière car on a un peu de temps. Une glace pour Patrice, je renonce à l'accompagner.
Comme on sent l'écurie, on fait, comme toujours d'ailleurs, une confiance quasi-mystique en notre guide non-Garminé Daniel et on part droit dans la pente pour quatre kilomètres de montée non-stop. Enfin, en haut, on prend à gauche vers Scheuren, puis la mythique Rheinbach. Pas d'erreur, il fallait bien monter pour quitter la rivière.
Une course cycliste locale a le culot de croiser notre route: un parcours en huit plein de côtes. Cette course cycliste nous offre le spectacle usuel injuste des courses cyclistes: devant, ils semblent ne pas se fouler alors que derrière, les derniers souffrent et rament. Le spectacle des courses cyclistes féminines (comme à Karlovy-Vary) est d'un tout autre intérêt, purement intellectuel, cette fois.
À Rheinbach, notre premier hôtel allemand nous attend. Le resto de l'hôtel étant fermé, on se replie sur la brasserie locale pour le buffet @ 10,90€ avec bratkartoffeln, choses indéterminées et bière locale (beaucoup). Puis glace (eis, dans le dialecte local). Difficile, ensuite, de trouver le sommeil. Demain, on passe à Bonn.
Bon buffet copieux et varié dès 7 h pour avoir le temps de visiter Bonn . Ce matin il fait beau, ce que nous apprécions. Nous perdons un peu de temps à Rheinbach pour trouver notre chemin et arrivons à Bonn peu avant 10 h. Nous cherchons le musée de Beethoven (natif de Bonn) que Daniel avait prévu de visiter (« Ah ! La maison avec des volets verts ? Nous venons d’y passer il y a quelques mètres, je l’ai photographiée, nous pouvons donc poursuivre notre chemin. »). Alors que le musée allait ouvrir ses portes, nous le délaisserons donc !. . . . Heureusement Daniel nous mènera à la place principale où la cathédrale et ses 5 clochers se dressent. L’extérieur roman tardif contraste avec l’intérieur baroque très richement décoré. Un organiste joue quelques notes sur des orgues superbes.
En partant, nous laissons à la gare Christian qui préfère prendre le train car, depuis la veille, il souffre d’une tendinite au talon d’Achille opéré 20 ans plus tôt. Une charmante dame nous accompagne sur les pistes cyclables pour quitter la ville. Notre vigilant GO s’inquiète de savoir si JPS a pensé au pointage de Bonn. Que nenni !. . . Nous cherchons un café à la sortie de la ville : le 1 er n’a pas de tampon, le 2 nd non plus mais JPS et Daniel y prennent cependant le temps de déguster un café et cherchent un 3 ème pour le pointage.
Nous repartons enfin et vers midi (environ 35 km du départ) nous faisons nos courses alors qu’une petite pluie fine commence à tomber. Nous repartons lorsque d’énormes gouttes tombent brusquement; vite nous nous abritons dans un abribus. Nous en profitons pour y manger mal protégés en plein vent au milieu de jeunes trempés comme nous en regardant l’orage violent et très proche. Mes « courageux » compagnons envient Christian au sec dans son train et décident, malgré mes réticences, de retourner à Hennef prendre le train. Ici la pluie se calme et tous mes noms d’oiseaux ne leurs font pas changer d’avis : nous prendrons donc le train à 15 h, à 16 h correspondance prise au vol à Sienngen. A Kreutzal. Il ne pleut plus. Nous enfourchons nos vélos pour une belle montée suivie d’une descente très roulante et piste cyclable jusqu’à Gerlingen (17 h 30). Je retrouve « mari-chéri » qui a bien pensé à nous en voyant le temps exécrable. Sa surprise sera grande lorsqu’il entendra les « fanfarons » raconter comme tous les soirs leurs exploits de brevets tout en se félicitant du choix de repli dans le train !. . . Le journal local dira que cet orage fit des dégâts en Allemagne et tua deux personnes. Nous avons donc évité la une des journaux !. . . . .
Ce jour est férié en Allemagne. Bicause fête religieuse. Laquelle?. . . .
Petit déjeuner demandé pour 7h30. Impossible dit l'hôtelière. Le pain frais ne sera livré qu'à 8h15. Qu'à cela ne tienne: notre chef "Daniel" dit "rendez-vous à 7h30 on pourra toujours grignoter quelque chose en attendant le pain". Tout le monde, même les habituels retardataires sont à l'heure et le pain frais arrive, comme par miracle, à 7h30.
Départ vers 8h45 après, comme d'habitude, un copieux petit déjeuner, par une montée de quelques km assez raide.
Nous en avons l'habitude.
Puis très longue descente qui nous permet d'atteindre une très jolie vallée.
Nous parcourons la dite vallée sur une trentaine de km avec une route bien plate.
Il y a longtemps que cela ne nous était pas arrivé.
Le ciel menaçant nous incite à nous arrêter dans une auberge, où nous dégustons des plats locaux.
Le soleil revenu, nous attaquons la seconde partie de la journée par une longue montée qui nous propulse à 700 m d'altitude (
Station de ski
). Le ciel à nouveau menaçant nous fait appuyer sur les pédales. Bien nous en a pris, car après quelques km de descente, pluie violente mais nous étions déjà à l'abri en train de déguster des glaces succulentes. Fin d'étape sans problème.
Nous quittons à regret la " Rôtisserie Brombach " où la famille Brombach nous a accueillis si chaleureusement. Je ne connais pas beaucoup d'hôtelière qui sorte leur Mercédès rutilante de leur garage pour y mettre 6 vélos plus ou moins propres.
Claude en aura sûrement déjà dit 2 mots dans le résumé d'hier, mais je tenais à en remettre une couche parce que le sourire de nos hôtesses et la qualité de nos étapes donnent beaucoup de charme à ces traits d'union.
Après 16 km d'une belle route de campagne sous un ciel gris, froid et menaçant nous atteignons Korbach, ville contrôle, où Jean-Pierre trouve une librairie qui sent bon les livres, pour obtenir les précieux tampons.
Korbach, ville moyenâgeuse avec beaucoup de maisons à colombage mériterait un arrêt prolongé, surtout qu'elle se situe au cœur de mines d'or exploitées depuis le 6° siècle et que c'est la seule ville de Hesse qui faisait partie des villes Hanséatiques. Vous pouvez imaginer la richesse locale. Mais la pluie toujours menaçante nous oblige à repartir dare-dare.
Nous prendrons quelques averses sur le dos pendant les 54 km qui nous amènent par monts (plutôt raides) et par vaux à Hofgeismar. Ville touristiques, fréquentées par les randonneurs qui arpentent la "Reinhardswald". Pendant que nous dégustons une copieuse pizza, dans un resto où nous sommes les seuls clients, dehors un grain sérieux s'abat sur la ville. A la sortie du resto, nous croisons un groupe de cyclos allemands tout trempés, qui nous disent "respekt" en découvrant nos pancartes PARIS-VARSOVIE !!!!
Nous reprenons la route ragaillardis. Après 22 km, nous traversons la Weser, rivière que nous connaissons bien, pour l'avoir longée l'année dernière du coté d'Höxter sur plusieurs kilomètres.
Cela remonte sérieusement en direction d'Uslar, villégiature au milieu du Naturpark Solling-Vogler.
Qui dit villégiature dit salon de thé. Arrêt obligatoire pour les inconditionnels du thé.
Claude choisit un "Dickflüssige Weisschokolade mit Waldfruchtsauce". Traduction imparfaite: Chocolat blanc coulant de manière épaisse avec une sauce aux fruits de la forêt. Il parait que c'est très bien passé......
Dernière montée sous le soleil et oui! le carillon du village d'Ellierode, en contrebas sonne à toute volée. Est-ce pour saluer notre arrivée? Superbes paysages boisés et très verts.
Arrivés sur la crête, Il ne nous reste plus qu'une longue descente en ligne droite vers Hardiesse.
C'est dans cette descente que Patrice fera une pointe de vitesse à 89 km/h.
La météo est enfin favorable pour cette étape de transition entre la (moyenne) montagne et la plaine qui sera désormais notre quotidien. Qui plus est, les 500 mètres de dénivelé prévus sur la journée seront expédiés dans les trente premiers kilomètres. Nous naviguons, sous le soleil et vent dans le dos, au milieu des champs d’éoliennes, témoins des énormes dépenses d’infrastructure opérées depuis quinze ans dans l’ex-Allemagne de l’est. Première halte dans la petite ville de Korbach. Le château a récemment été reconverti en appartements. Slogan publicitaire, traduit par Daniel : « Vous aussi, vous pouvez avoir une vie de seigneur… » Sic transit gloria mundi. Les ex-communistes ont décidemment su s’adapter…
Il faut dire que le château avait déjà fait l’objet d’un remaniement : sur le fronton, étaient sculptés non des statues de saints, mais plus prosaïquement de Karl Marx, de Lénine, de (vraisemblablement) Rosa Luxembourg et, soutenant le tout, du maréchal Staline…
Nous poursuivons. A Bad Arolsen, petit cafouillage qui se termine, injonctions Garminiennes aidantes, dans un chemin sablonneux où le vélo couché subira sa seule chute du voyage, sans gravité. Nous décidons de pique-niquer, dans la petite ville de Hofgeismar, au pied de l’église. Nous ne tardons pas à reprendre la route, l’étape étant la plus longue du parcours : près de 160 kilomètres. L’après-midi s’avance, sous une bienfaisante chaleur. Pause-glace à Uslar, ville fortifiée et derniers kilomètres parcourus en direction de notre hôtel perdu en pleine campagne, une ancienne maison de la Culture reconvertie qui nous donne enfin l’occasion de dîner sur la terrasse. Nous nous préparons pour l’un des deux points forts du parcours : demain, c’est l’arrivée à Berlin (Goslar?).
Le petit déjeuner de 7h30 est correct, comme d’habitude. Nous partons sur le plat, puis nous montons par une jolie piste cyclable jusqu’à Holzerode. Nous poursuivons par une jolie route en balcon qui rebondit. De nombreux motards nous croisent ou nous doublent. Nous nous arrêtons à Osterode pour déjeuner, et nous arrivons effectivement en pleine concentration de motards. Nous profitons des stands pour manger et prendre le café. En repartant, le temps se couvre de plus en plus et nous essuyons un joli crachin. La route s’élève également de plus en forêt du Harz où les motards continuent de circuler. De nombreux barrages ponctuent la montée et la descente. La descente est de plus en plus froide et sera fatale à Jean-Pierre. Ce n’est pas non plus un temps pour tendinite. Le restaurateur sera inflexible sur les horaires.
Cette étape s’effectue à effectif réduit, pour cause d’inflammations pulmonaires et tendineuses variées. On n’aura évidemment pas l’indélicatesse de révéler les noms de ceux qui ont effectué l’étape dans le confort moelleux d’une voiture Pulmann, il suffit de savoir que Claudine, Claude, Daniel et Patrice se sont courageusement élancés sur la plus longue étape du parcours : 160 kilomètres, s’il vous plaît ! La météo a été vigoureusement surveillée depuis la veille au soir. La tendance semble être à l’amélioration tout au long de la journée, et nous ne sommes pas déçus (« merci pour la cédille ! », disait le président Herriot. Tiens, il y en a qui vont encore tordre le nez). Nous finirons effectivement sous un soleil radieux. En attendant, nous quittons la vallée de l’Oker en grimpant pendant un bon quart d’heure. Un des derniers contreforts du massif du Hartz, sans doute. Nous apprécions l’ascension parce que nous savons, et pas seulement de Marseille, que ce sera la dernière -non seulement de la journée- mais plus largement de tout le voyage. Après, c’est tout plat jusqu’à Varsovie !
Là-haut, Claudine crève. Inventaire fait de ce que lui a laissé Christian comme matériel de secours, il s’avère que la réparation paraît jouable : la chambre à air est du bon diamètre et de la bonne section. La contrariété de devoir réparer est adoucie par la joie sadique de savoir que Claude et Daniel étant loin devant, ils vont devoir s’arrêter, patienter, et faire demi-tour. Ainsi fut fait. Et nous repartons gaiement en direction de l’ex-Allemagne de l’est, si toutefois cet oxymore nous est permis. Beaucoup d’éoliennes. Cela témoigne d’un solide effort d’investissement, qui va naturellement un peu de soi quand on part de zéro ! La structure du réseau routier est un peu curieuse : les routes ne semblent pas relier directement des villages, mais constituent un réseau plus ou moins carré dont les croisements s’effectuent au beau milieu des champs. Il faut s’habituer, et le Garmin veille au grain.
Il se fait tard, il faut songer au déjeuner. Les villages se suivent et se ressemblent : des maisons, des fermes et pas l’ombre d’un commerce. Où sont nos 30 000 bistrots français ? (500 000 au début du siècle). A Egeln, nous entendons parler d’un restaurant. Après trois fois le tour du village et une enquête de terrain détaillée conduite par l’inspecteur Daniel, nous tombons sur un petit restaurant, avec terrasse ombragée, tenu par un vieux couple très sympathique et des prix ridiculement bas.
Le « clou » de l’après-midi sera le passage de l’Elbe, sur un bac écolo : il se meut grâce au courant. Amarré en amont au milieu du courant, il lui suffit de jouer sur une espèce de gouvernail et une paire de treuils pour passer d’un bord à l’autre. Après, c’est une jolie campagne boisée qui nous attend, sous un grand soleil. Les routes sont bonnes, au moins entre les villages. Parce dedans, c’est l’enfer : gros pavés disjoints sur la route, encore plus gros pavés encore plus disjoints sur les trottoirs. Nous parvenons à Zerbst, à l’heure de la glace. En principe, c’est une coupe énorme, avec cinq parfums dedans, de la chantilly, de la meringue, des grains de chocolat dessus et un petit parapluie en papier. Là, ce sera un cornet simple, et encore il allait fermer. Nous avons un peu de mal à sortir de la ville. Les allemands sont plus que coopératifs. Ils s’arrêtent systématiquement dès qu’ils voient deux cyclos qui regardent une carte. Ils expliquent. Puis ils garent la voiture pour être plus à l’aise pour expliquer. Enfin, ils reprennent la voiture pour guider le groupe à 25 à l’heure, s’il le faut pendant cinq kilomètres. Direction Bornum, donc, où nous arrivons dans un hôtel spacieux et confortable (une ex-maison du peuple revisitée) où, récompense de nos 160 kilomètres, une terrasse accueillante nous attend pour une bonne bière.
Dans le calme de la campagne brionnaise sur mon vélo, j'ai essayé de me remémorer la 9° étape:
"Nous avons quitté Jean Pierre et Christian après quelques km descendants. Eux allaient visiter Goslar et nous, nous avions la plus longue étape du voyage.
Christian avait dit: "c'est tout plat". Erreur ! A peine avions nous quitté la vallée de l'Oker que ça montait ferme. Sans doute un dernier contrefort du Harz un bon 1/4h de montée, puis descente vers Bad-Harzburg (Aucun souvenir!).
A partir de là, c'était effectivement assez plat, avec une vue sur une immense plaine, au fond beaucoup de champs d'éoliennes.
Nous avons déjeuné tardivement, car nous n'avions rien trouvé auparavant, dans un tout petit resto avec terrasse. Nous étions les seuls clients et les prix étaient très bas. Accueil sympa d'un vieux couple, surtout la dame.
Passage de l'Elbe par le bac sous un beau soleil après avoir traversé la jolie petite ville, très calme de Barby.
A partir de là changement de végétation, très belle campagne, boisée.
A Zerbst on a eu du mal de trouver la route de Bornum. Des autochtones nous ont remis sur le bon chemin.
Il ne restait plus que 12 km jusqu'à l'étape, un ancien centre de formation (ou d'endoctrinement), transformé en Hôtel. Charmante serveuse aux petits soins.
Comme déjà dit, "nous avons pu déguster une bonne bière aux derniers rayon du soleil".
Une bonne surprise au saut du lit en ouvrant les rideaux : le ciel est bleu !...
Buffet copieux (la routine !..) à 7 heures pour un départ à 8 heures.
Cela fait chaud au cœur (et au corps qui aurait rouillé s’il était en acier comme notre moral) de pouvoir mettre le débardeur et d’étaler la crème solaire qui attendait d’être enfin utile. Mais en contrepartie le vent qui était dans le dos depuis le départ et nous poussait donc en même temps que les nuages qui ne nous lâchaient pas depuis Paris était cette fois-ci de face. Par chance beaucoup moins fort.
Quelques mini côtes, de grandes lignes droites et plates parfois agrémentées de virages dans les champs permettant d’admirer le paysage de plusieurs angles de vue. Les éoliennes ne nous distraient même pas du mouvement de leurs hélices.
Nous nous arrêtons au château de Wiesenburg pour l’admirer. Ici une enseigne d’une promotion immobilière indiquera « vivre comme le seigneur du Château ». Beau programme ! Mais pour nous, ce sont nos petites reines qui nous attendent pour poursuivre notre randonnée. Petites erreurs de pilotage Garminesque à Belzig. Comme il fait beau, nous achetons nos vivres à Beelitz et les dégustons sur le banc devant l’église où je vais jeter un œil en attendant mes compagnons.
Nous repartons et Claude crève pour de bon : enfin !...En effet depuis le matin il se prenait pour un Shadock et s’arrêtait régulièrement pomper et… pomper.
A Postdam, Daniel nous conduit au château « sans soucis » superbe. Nous apprécions le parc et nous y promenons comme des touristes qui profitent du beau temps enfin revenu. Nous n’avons pas le temps de visiter le château mais l’admirons de l’extérieur.
Christian, arrivé la veille à Berlin avec Jean-Pierre, avait vivement recommandé à Daniel au téléphone des pistes cyclables pour arriver à
Berlin
. Celui-ci y mettra toute sa ténacité et efficacité pour nous guider malgré les difficultés à trouver notre chemin. L’arrivée à Berlin est grandiose. Nous pouvons commencer à admirer cette superbe capitale. Daniel ne résiste pas au plaisir de nous mener à la place de Brandebourg éclairée par le soleil couchant avant de retrouver Christian et Jean-Pierre à l’hôtel. Jean-Pierre avait bien entendu repéré plusieurs restaurants. Mais l’heure tardive nous fera choisir une brasserie proche où la plupart dégusteront de la viande rouge servie avec la serviette autour du cou.
Hier, avec Christian, il faisait déjà tempête de ciel bleu, ce qui faisait sérieusement du bien. On a fait un grand tour de Berlin à vélo, car Berlin est une ville faite pour être visitée à vélo. On a ainsi visité certains centres d'intérêt tels que le musée du mur dans le quartier "Français", ou le musée du 3° Reich, un souvenir Allemand douloureux, proche de l'hôtel. On s'est surtout reposés de ces longues journées de vélo, usantes sous la pluie froide.
Lever tôt: il fait beau à Berlin, et le musée de Checkpoint Charlie ouvre à 9 heures. Checkpoint Charlie est situé entre Zimmerstraße (que le mur longeait) et Friedrichstraße, perpendiculaire, dans le secteur US. Ce point de passage a été, aux heures les plus chaudes du mur, le dernier point de passage Est-Ouest dans Berlin. Il est à deux pas de l'hôtel Ibis, construit dans l'ancien secteur "Est" de la ville. Nous y visitons le musée du mur et de la non-violence, créé en 1962 du coté US du point de passage. On y voit des photos du mur, des récits et moyens d'évasion (de l'Est vers l'Ouest), des salles sur la non-violence comme dans l'auberge de jeunesse de Verdun. De là, nous filons vers le mémorial aux juifs assassinés d'Europe ("Holocaust Memorial"), juste au sud de la porte de Brandebourg (Hannah Arendt Straße). Celui-ci ouvre à 10 heures, on fonce au pas de charge... Le mémorial est recouvert par un champ de stèles constitué de 2711 sortes de menhirs de hauteurs variables sur un sol tout cabossé, un peu comme dans Zelda 1 et 3.
On dirait une sorte de labyrinthe. Les stèles sont recouvertes d'un enduit spécial anti-graffiti pour minimiser les risques de provocations. De nombreux jeunes et moins jeunes s'y amusent comme dans un labyrinthe. Nous aussi nous prenons à ce jeu. Ce labyrinthe donne sur l'entrée du musée situé en sous-sol. Le mémorial et le musée sont controversés dans certains cercles allemands et juif allemands affectés personnellement par l'holocauste et par le nazisme. Son contenu est difficilement descriptible, Wikipedia tente de le faire, en anglais sur (< http://en.wikipedia.org/wiki/Memorial_to_the_Murdered_Jews_of_Europe >).
Ce mémorial et le musée d'en dessous sont à voir. De même, il faut aller à Auschwitz Birkenau quand on passe près de Cracovie.
Français de l'après-guerre, nous éprouverons, peut-être du moins pour certains d'entre nous, l'impression contraire à Varsovie dans notre quête presque vaine de restes historiques (donc d'un musée qui tienne la route) du ghetto de Varsovie. Nous ne trouverons en effet après une quête difficile qu'un musée pouilleux, peu accessible et peu hospitalier. Ceci nous donnera, peut-être à tort, l'étrange impression que ceux qui dirigent Varsovie font de leur mieux pour gommer de l'histoire de Varsovie toute trace de cette partie peu glorieuse. Ce n'est pas le cas de Berlin, tant mieux ! Chacun veut réécrire son histoire, certes, mais qui peut défendre que le mieux est de la cacher sous la moquette ?
Sur ces pensées profondes appropriées à une journée de repos cyclo, alors qu'on n'a pas encore mangé pour midi, nous nous préoccupons déjà de culture. Il y a en effet un concert de musique de chambre (claviers, cordes, vent) gratuit à 13h au philharmonique de Berlin (inauguré en son temps par le cultissime chef d'orchestre Herbert Von Karajan). Encore un événement non nourrissant mais néanmoins à ne pas manquer. L'UNICEF est destinataire des dons que les visiteurs peuvent souhaiter faire.
Les musiciens sont tous de la prestigieuse Tokyo Daigaku (l'université de Tokyo, N°1 au Japon devant Kyoto), bien peu connue par son volet musique classique. Le concert a lieu dans le hall central, au milieu de l'atrium commun des visiteurs et non dans une salle de concert. Trois pièces au programme: la première d'un compositeur japonais inconnu et ancien (Hisatada Otaka, 1911-1951), la seconde d'un compositeur tout aussi Japonais mais plus récent (Kömei Abe, 1911-2006), la dernière, par prudence, est un quatuor de Brahms, un classique par un classique, donc. On se répand donc partout où on peut entendre, proche ou loin, en fonction de nos propres critères de choix entre vue, son, confort, etc. Certains regardent et écoutent les interprètes avec attention. D'autres, plus loin, s'endorment sur la moquette, confortable par endroits avant le repas dont l'attente commence à se faire sentir. Bien belle musique, ne nous laissant parfois aucun souvenir (pourquoi donc ?) et nous laissant parfois un souvenir d'émotion, et pas seulement le quatuor de Brahms qui a conclu sans risque, mais avec brio, ce concert digne de ce lieu réputé.
Ma transcription de cette journée cesse à peu près là, comme si le repas qui a suivi avait été (il l'a été) non racontable. On se répartit, plus encore que le matin, en groupes et chacun visite ses centres d'intérêt: les tours jumelles couvertes (de l'architecture de lieu de vie, donc) proches de Potsdamer Platz, le musée national d'art classique de Berlin (le "Louvre" Berlinois), la tour haute de Berlin, les trois lieux de travail du chancelier, du Reichstag et des députés. Tous ces événement sont en effet comme des touches de couleur qu'on collerait sur une grande histoire de Berlin. Berlin est une ville au dynamisme rare et communicatif, à l'architecture toujours en mouvement. Il faut visiter Berlin, à vélo, ou bien encore à vélo.
En tout cas, nous nous se retrouvons tous autour d'une bière, toujours dans l'incontournable Potsdamer Allee. Là, Christian et Claudine butent, par hasard, sur des vieux amis pas vus depuis 3 ans déjà: un couple de médecins. On partage la bière de l'amitié. Certes, la confrontation avec des médecins, toujours "cliniques", de nos douleurs résultant de cet épouvantable froid humide subi sur nos vélos depuis notre départ de Paris et notre traversée trempée des Ardennes Belges était sans doute une épreuve à éviter, mais la bière et la compagnie sont excellentes. Patrice nous emmène ensuite, toujours sur Potsdamer Allee, chez un glacier (je dirais plutôt un "Maître Glacier") qu'il a justement repéré avec ce regard d'entomologiste infaillible de la crème glacée qui le caractérise. On s'y envoie des glaces kolossales derrière la cravate. C'est bon d'être en Allemagne !
Demain, on reprend les vélos et on partira tôt. Les dés sont jetés et le parcours est déjà tracé sur les plans de Berlin. En effet, les parcours Garmineux ne sont pas tracés pour partir de l'hôtel, alors on pense prudemment, sans que Daniel ne s'en offusque, qu'il vaut mieux nous préparer à cette sortie, toujours difficile, de ville. Quand même, on s'est trouvé un resto pour dîner, mais manger n'est pas ce qu'on fait de plus inoubliable, à Berlin. Alors, au lit à l'Ibis, tôt, sans boîte de nuit pour Claudine, pour être en forme demain matin, pour notre dernière traversée de la plaine Prussienne jusqu'à l'Oder qui marque la vraie frontière (actuelle) avec la Pologne.
Tout d'abord, visite du Reichtag (Parlement allemand). Rendez vous avait été pris par mail. Comme les dates de naissance avaient été mises un peu au hasard par Jean-Pierre et Daniel au moment de l'envoi du mail, le contrôleur fait des difficultés pour 3 d'entre nous (Lesquels je ne m'en souviens plus). Finalement ça passe.
Visite intéressante. Bâtiment moderne avec sa célèbre coupole d'où nous avons une vue superbe sur tout Berlin avec notamment la Porte de Brandebourg et un immense bois ou forêt de plus de 2000 ha, situé juste devant le parlement. C'était autrefois (peut être encore maintenant?) un domaine de chasse présidentielle.
Nous quittons Berlin, en route vers Goslow.
Quelques petites côtelettes, puis plat plat plat mais néanmoins sans ennuis car il y a de très belles courbes.
Courses dans un NETTO puis déjeuner au bord d'un lac magnifique. Petite sieste dans l'herbe pour certains (toujours les mêmes) puis fin de l'étape.
Arrivée vers 17h30 dans une petite auberge de Campagne bien sympathique. Bière en terrasse au soleil couchant et s'ensuit une discussion acharnée sur quelques semaines Abeille, notamment celle de Perpignan en 198..... Je tente de raconter une histoire de lit à lattes qui ne resistait pas au poids lourd et qui faisait un bruit infernal dans la chambre contigüe. Je prétends qu'il s'agissait de Jean Bernard Duranton, 1° Président de l'Abeille. Patrice conteste en précisant que JB n'avait jamais participé à une semaine Abeille. Désaccord total entre nous deux. Patrice appelle Jean Truffy, la "mémoire de l'Abeille". Celui ci confirme la thèse de Patrice et indique qu'il s'agissait de x Fleury. Je crois que nous avions parié un bouteille de Champagne. Ce que je sais avec certitude, c'est que je ne l'ai pas encore payée....
Pour une fois, un grand soleil nous accompagne pour le départ de nos derniers kilomètres en Allemagne. Ce soleil est même un peu lourd.
A Golzow, jetée de Cartes postales dans la dernière boîte aux lettres allemande. Histoire de ne pas gâcher tous les timbres achetés tout au long de la traversée de l'Allemagne.
Nous arrivons rapidement à la frontière . Le passage de celle-ci se fait en 2 temps:
1° Un premier panneau avec un beau fond de verdure annonce la Pologne. Seuls Christian et Patrice ont remarqué le "à 1 km" sous la pancarte. Voila pourquoi ils ne voulaient pas être sur la photo.
2° Après la traversée de l'Oder, nous sommes vraiment en Pologne. Seulement il n'y a plus de beau panneau. Celui retenu pour la photo ressemble à une sortie d'autoroute....
Sur les bords de l'Oder nous pouvons admirer d'anciennes fortifications qui, en 39, n'ont pas réussi à arrêter l'envahisseur nazi.
Après avoir acheté quelques Zlotis (la monnaie locale) à un très bon cours, nous repartons rapidement car il fait de plus en plus chaud et le ciel n'est plus très bleu.
À la sortie du village de Swiniary, nous rejoignons la route 137 sur laquelle nous roulerons une grande partie de la journée. Très souvent en travaux, cette route est une alternance de revêtement parfait, de chantiers, et de vielle portions à trous. Nous devons alors slalomer entre ceux-ci pour éviter de talonner.
Pique-nique rapide sur une aire sommairement aménagée à cet effet. On peut quand même manger sur une table de 25 cm de large. En une petite demi-heure l'affaire est bouclée. Jean-Pierre est tiré de sa sieste par le reste de l'équipe sans pitié, qui n'a plus envie de se faire rincer. Il reste encore 60 km avant l'étape. Claudine emmène allègrement le groupe qui reste sagement groupé derrière elle, sauf dans les descentes où Patrice sème tout le monde.
Depuis le matin, un 7° partenaire s'est glissé dans le groupe, c'est Monsieur le Vent. Nous l'avons dans le dos et il nous permet ainsi d'avancer à bonne allure. Les 60 km restants sont bouclés en moins de 3 h.
A Sbaszyn la recherche de l'Hôtel est laborieuse. Heureusement, les polonais sont là, prêts à rendre service et accueillants. Nous ne comprenons vraiment rien en Polonais. Avec force gestes, ils nous montrent le bon chemin.
Nous passons sous le porche fortifié d'un mur d'enceinte. Derrière cette entrée moyenâgeuse, nous découvrons un hôtel moderne dans un parc avec vue sur le lac de Zbaszin. Belle surprise. (étape à recommander Hôtel Podzamcze).
C'est l'heure du goûter, pour les enfants que nous sommes, crêpes et glaces aussi généreuses que la pluie qui commence à tomber en abondance. Grâce à Mr le Vent, nous avons gagné notre course contre Mme la Pluie.
Selon l’esprit du parcours, nous constatons à notre réveil que le temps est très couvert et froid. Claude, qui s’y prend à plusieurs fois pour réparer son pneu, et chercher son compteur que trouvera Claudine, fait ouvrir à maintes reprises la porte du hangar à vélo au tenancier qui commence à perdre patience. Nous parcourons de très longues lignes droites dans les bois, avec de très nombreux trous sur les bords et de gros camions qui nous frôlent. Le moral est tendu. Un de ces trous sonnera la mort du vilain tendeur jaune, ce qui ravit la quasi-totalité des participants. La circulation se densifie à l’approche de
Poznan
, ainsi que les travaux engagés sur les routes par les Polonais. Pendant un moment, nous profitons d’une voie fraichement goudronnée rien que pour nous. A l’arrivée en début d’après-midi, le ventre creux, nous passons aux Informations pour planifier selon les préférences les repas ou les visites. La visite libre nous fait découvrir la cathédrale de Jean-Paul 2, avec ses gisants en position allongés à la romaine, la place de la ville, avec 4 statues, 1 aigle et 2 chevreaux. Le soir nous mangeons dans un restaurant traditionnel. Claudine reçoit une nouvelle abeille en cadeau.
Ce matin, en mettant le nez à la fenêtre, on a la tête de Marie-Antoinette qui de sa prison du temple voit celle de la princesse de Lamballe au bout d’une pique. C’est une fois de plus la rincée qu’on subodore non sans clairvoyance devoir durer jusqu’au soir. On fait durer le petit déjeuner (par ailleurs excellent), on prépare son vélo à moitié dans la salle de restaurant, mais il faut bien finir par y aller. La sortie de Poznan s’opère précautionneusement (rails de Tramway, flaques d’eau, trous…). Dans un contexte de relative morosité, on regarde essentiellement sa roue avant, ce qui n’est d’ailleurs guère moins intéressant que le paysage, désespérément plat. On peut quand même être impressionné par l’ampleur des travaux d’infrastructure en cours : routes, voies ferrées, lignes électriques…La Pologne paraît vouloir combler son retard à grandes enjambées…
Jean-Pierre crève. Heureusement à proximité d’une cabane de cantonnier, seule construction à dix kilomètres à la ronde. Comme il n’y a pas de place, Jean-Pierre et son assistant réparent à l’abri pendant que les autres attendent sous la pluie. Comme il faut bien passer le temps, nous nous amusons à faire des hernies sur la chambre à air de rechange en la gonflant, ce qui énerve un peu Jean-Pierre. Il y a quand même une justice.
A ce jour, personne – et encore moins le rédacteur des présentes – n’a de souvenir du repas. Ce qui est une indication somme toute assez précise de ce qu’il n’y a rien à en dire. Dans l’après-midi (ou peut-être le matin, bref à un certain moment), une minorité contestataire demande la tenue d’une assemblée générale improvisée en vue de prendre un raccourci en vue de réduire les kilomètres en vue de moins se tremper. Cueilli à froid et sous la pression de la masse, l’organisateur doit s’incliner. Plus tard, un autre raccourci proposé par l’un des deux garmineux dont je tairai le nom manière de ne pas balancer nous conduit à faire trois kilomètres à pied sur le sable. Avec l’abrasion, toutes les billes des roulements ont dû perdre 30% de leur poids ! Tacitement, nous affectons de pardonner à l’intéressé, comme à tous ceux qui ont beaucoup péché.
La pluie se calme enfin à l’arrivée sur Türek, où nous apprenons non sans inquiétudes qu’une réception de mariage se tient dans notre hôtel. Les chambres sont très bien, en tous cas nous les trouvons très bien parce que nous ignorons qu’elles ne nous serviront à peu près à rien. Autant eût valu de passer la nuit assis sur les bancs de l’église. Mais n’anticipons pas. Faute de pouvoir aller guincher avec la foule, nous choisissons le même menu que les mariés. Au moins, on a une certaine garantie de fraîcheur.
Il fait jour, un jour misérable et humide, à 4 heures du matin. Il a plu toute la nuit. La musique, elle, a duré jusqu'à 5 heures du matin. Au ptidej, petits yeux et parts de gâteau de la fête. Les mariés n'ont donc pas tout mangé. Dans un enthousiasme fou, dans un silence où seul le bruit de la pluie et des camions qui passent sur la route en soulevant des gerbes d'eau avec leurs pneus peut s'entendre, sans un bruit d'oiseau, sans un bruit humain sauf, peut-être, des bruits de rhumatismes qui grognent, nous nous mettons en route en reprenant nos pas de la veille, de retour vers Türek. On décide de ne pas en vouloir à Daniel.
Que ceux qui ne savent pas ce que c'est qu'un soubassement de route fait à l'économie sous une route trop étroite viennent en Pologne, sur cette route. Sur le coté droit du ruban d'enrobé, juste avant le bord qui tombe droit dans l'herbe et la chute assurée, on trouve une sorte d'ornière molle, trace en creux des innombrables roues de camion qui passent en rasant le bord et ont peu à peu tassé le soubassement trop mou. A la droite de cette ornière, l'enrobé remonte, puis s'arrête brutalement en équilibre au-dessus de l'herbe. Il n'est pas possible de rouler sur ce rebord trop étroit et aléatoire. Dans l'ornière, 1 cm d'eau qui s'accumule: on a l'impression de rouler dans une flaque d'eau continue. À la gauche de l'ornière, on a l'impression d'être au milieu de la route, tant les camions qui foncent passent au ras du bord droit, surtout dans les croisements.
5 Km de cette retraite de Russie et on arrive au carrefour à gauche après Panski, vers la route 72. Une longue ligne droite vers Uniejow. Rien à voir dans Uniejow. Surtout, ne pas faire les malins, cette journée semble s'annoncer comme une nouvelle instance de "Claudine et ses 5 boulets". Effectivement, à Uniejow, une nouvelle longue ligne droite face à un vent dans le nez sans être trop gênant, on prend quelques relais pour dire qu'on relaye, j'en prends, en tout cas, vers Wartkowice. Il n'y a toujours rien à voir parmi les gouttes de pluie sur la route qu'on dirait en construction. Au moins, quand on est devant, on n'a pas les projections des autres vélos et on n'a pas à prendre les roues mouillées dans la tronche: on roule à son rythme, pas vraiment de quoi briguer le prix de la bestialité. En fait, la route est dans son état normal: pas vraiment terminée et déjà sévèrement dégradée. Je me réveille après le pont (en regardant la carte sous son cache étanche) car il y a un AG sur la route 703 vers Wolka et Leczyka. On s'arrête un peu juste pour le ralbol sur les marches d'un vague magasin fermé au bord de la route 703. Claudine reprend le commandement toujours avec le vent dans la tronche, on va accélérer, on accélère jusqu'à plus de jambes. Pointage à Leczyka. Visite du musée dans le fort de la ville. Resto au même endroit. Un endroit où l'on mange, c'est toujours plus humain, les lieux deviennent soudainement sympathiques. Quelques tours de roue plus loin, à Tum, visite de l' église de Tum : la plus vieille église de Pologne. Ooooooh ! Il pleut.
Ensuite, il faut bien repartir, pour un interminable raid de 50km dans la roue de Claudine vers Lowicz. Pas d'erreur, dans ce type de temps, musarder serait la pire des choses, on compte juste les heures, alors il vaut sans doute mieux rouler vite. Tant pis si le vent est de face avec la pluie. De toute manière, on ne réfléchit pas: on est comme des légumes qui ont mal dormi la nuit dernière et qui roulent.
On trouve l'hôtel Eco. Avec Daniel et Patrice dans le rôle du radar à glaces, on part à 18h30 en direction d'un hypothétique marchand de glaces. En effet, les glaces sous la pluie, c'est un antidote quand on craque: une forme moderne d'antidépresseur. Daniel Doucet, en son temps, raisonnait déjà comme ça. On trouve ce marchand de glaces, dans un endroit qui sent, qui sent fort, qui sent très fort le graillon. Il faudrait faire la théorie du kebab Polonais. Déjà qu'au Danemark, il savaient bien faire crade, mais là, les records sont battus. Ces trucs ne sont pas chers, sont pleins de végétaux qui ne devraient pas être mauvais pour la santé, mais le mode de préparation et le semblant de viande qu'on y rajoute, avec cette huile qu'on devine noire de cuisson, donne la nausée.
On ne sait toujours pas pourquoi on a roulé si vite mais on profite de l'instant et de cette glace à odeur de graillon.
Le soir, dîner à la pizzeria repérée tout à l'heure. On est devenus d'un coup guides quasi-officiels Abeille. Dans la salle, c'est Leczyka by night, ce dîner ne laisse aucun souvenir et je ne parviens même pas à comprendre mes notes qui mentionnent, trop intello, quelques hommes, tous accompagnés. Était-ce un resto homo ? y avait-il plutôt toutes les filles de l'école religieuse ? je ne sais plus. Disons que c'est la fatigue. Après le dîner, soyons sérieux et allons voir la cathédrale et la statue de Jean-Paul II. Vite de retour à l'hôtel, on va enfin pouvoir dormir et rattraper un peu notre déficit de sommeil de la veille.
Nuit très calme et réparatrice après celle de la veille !... Beau et bon buffet à 7 h 30.
Maya va photographier la place typique de Lowicz (triangulaire) avant de rejoindre ses compagnons pour le départ. Quelques gouttes nous accompagnent pendant la première heure puis la pluie se met à tomber plus sérieusement. Jean-Pierre en profite pour crever. C’est tellement plus amusant de démonter sa magnifique chambre à air « ménopausée » agrémentée de 10 rustines (dont Henri aurait certainement été jaloux) par une autre juste « pré-ménopausée » sous les yeux des camarades !...
Nous roulons (toujours sous la pluie) jusqu’à Zelazowa Wola où se trouve la maison natale de Frédéric Chopin. Le musée est fermé mais nous pouvons cependant faire quelques emplettes (par exemple les CD de Chopin que nous offrirons à notre GO plus tard) et nous promener dans le magnifique parc.
La pluie nous accompagne encore sur des routes défoncées. Des camions nous doublent sur de longues lignes droites en nous aspergeant d’eau. Les nombreux arrêts-départs sous la pluie froide depuis le matin aggravent la tendinite de Christian qui aimerait en finir. Claude aussi et ne veut pas s’arrêter déjeuner malgré le ventre affamé de JPS (« tu l’as mal habitué, il peut très bien rouler sans manger !... ». Il faut que je lève le ton pour expliquer que les fringales de JPS ne sont pas uniquement dans la tête mais surtout dans les jambes !... Nous nous arrêterons donc dans un petit troquet où JPS retrouve le sourire et nous offre à tous un ½ poulet frite que Daniel agrémentera d’un café. Pendant cet arrêt plus que nécessaire la pluie a enfin cessé et c’est une route presque sèche que nous reprenons.
Claude crève (« justice divine ! ») ; c’est une chambre à air pour vélo 850 probablement qu’il essaye de rentrer par force dans le pneu. Nous trouvons quelques pistes cyclables et arrivons enfin à Varsovie vers 17 heures (et dire que certains pensaient pouvoir sauter le déjeuner !...). Capitale énorme entièrement reconstruite après la guerre que nous visiterons plus tard. Garmin 1 nous guide sans erreur jusqu’à l’hôtel Métropole (accolé au Palace !...). L’accueil sera digne d’un palace : nos vélos sont portés jusqu’à leur local qu’ils ne quitteront plus jusqu’au jour du retour en France. Rapidement nous posons nos sacoches dans nos chambres pour aller déguster un gouter offert par notre GO pour marquer la fin de ce double trait d’union européen. Quelques-uns vont se renseigner pour nos futures journées touristiques. Des jeunes filles conseillent un restaurent typique où nous irons diner le soir. Une jeune femme parlant très bien le français nous conseille et nous sert un délicieux repas préparé devant nos yeux.
Que dire de la visite de Varsovie qui ne l'a pas déjà été. Le musée du ghetto où nous sommes accueillis comme des intrus ? les fortifications reconstituées ? la pluie, la tour russe qui sent bon la Russie et son indémodable "patte en architecture et en finitions" ?. Nous tairons d'autant plus cette visite que c'est Claude qui devait le narrer, et Claude s'est enfui en Chine pour y rouler à destination de Paris puis Londres. Tout plutôt que nous raconter la visite de Varsovie.
Le retour se passera en train, avec deux étapes fortes: Berlin (Hauptbahnhof) avec le retour de la magnifique cuisine allemande, puis l'incontournable Karlsruhe (la Gallardon des allemands) avec son ptidej allemand et son château.
On remet ça l'année prochaine.
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