Ce 8 juin, pointage de Noyon au départ de Compiègne (TER Paris Nord - Compiègne: 9,10€). Le camping est juste avant Noyon, a Chiry-Ourscamp. Ce camping est sur une route vélo de Saint Jacques (Euroveloroute 5). La cathédrale est imposante. Noyon est aussi la ville natale de Calvin.
Au bar du camping, on est dans l'Oise mais on se croit à Bergues, dans le Nord. Pas une femme à la buvette. Rien que des hommes, avec l'accent. Le menu est composé de frites (avec sauces béarnaise, oignon poivron, moutarde,algérienne et mayonnaise)... Avec les frites, les choix sont Winston, croque-monsieur, quiche, tarte flammekuche, tarte savoyarde ou pizza. Le jeton d'eau chaude est à 1€. Mais on rêve de sauce au maroille et d'endives cuites à la bière. On est déjà à Bergues. Je comparerai dans 4 jours.
Ce camping existe sur Google Maps (en agrandissant la carte),
pas dans Plans, mais n'est référencé à "camping" ni dans Plans,
ni dans Google Maps, ni dans Campings, ni dans Foursquare, ni
dans Camp.Qualité: uniquement dans Yelp. C'est compliqué de
trouver des campings.
À 2 heures du matin, un orage énorme, le ciel lui-même, nous tombe sur la tête, par Toutatis. La pluie cesse de tomber à 7h30 et reprend juste au moment où j'ai enlevé le double toit dégoulinant. Résultat: la tente intérieure aussi est trempée. Il faudra sécher tout ça.
Je pars prendre le train à Compiègne pour minimiser les correspondances et passages souterrains desservis par des escaliers, redoutables a emprunter quand on porte un vélo aussi lourd qu'un âne mort.
J'y prends un train pour Arras via Amiens. 12,30€ en TER
(21,40€ avec Paris - Compiègne), à comparer au TGV Lille-Paris
du retour à 41€. Vivent les TER ! Sauf que ... Que d'escaliers à
monter et descendre lors des correspondances !
Première étape au Mont St Éloi. En route séchage de tente: une heure sur l'herbe en plein soleil et au vent. Le parcours passe par quelques chemins de terre (ah! Openrunner en mode "Vélo" !) Ça monte. En haut, des ruines. Clic. Re-chemin de terre jusqu'à Fresnicourt le Dolmen. À Olhain, lieu d'un camping repéré dans tous les guides, j'échoue au club-house du golf local: " ah oui, le camping, il n'ouvre qu'en juillet août et est réservé aux collectivités. Passez votre chemin!" J'obtempère et oublie là toutes mes cartes de credit. Je ne m'en rendrai compte que tard le soir, et penserai les avoir perdues à Arras.
Dans une boulangerie qui passe, je trouve un paquet de 6 brioches fourrées au chocolat, un machin très sucré pour remonter le niveau de carburant et un sandwich. Les brioches me tiendront 4 Pidej: un excellent achat !
Finalement je campe à Divion. Steak américain et frites à la friterie et au bar voisin (8,5€). Le camping est à 9€. Ce sera le prix moyen des jours suivants. C'est là, le soir vers 21h15, que je constaterai la perte de mes cartes de Credit (et naturellement, pas de chéquier dans la sacoche). Opposition par téléphone.
Opposition Visa le 9 a 21h15. Je crois encore, car on est vendredi, que je pourrai me dépanner en espèces dans une banque (Société Générale) samedi matin. Par internet, je trouve une banque a Hesdin, à une distance vivable de 40 km de Divion. J'y crois encore...
Je prends la route tôt. Dans les 9
heures, après la brioche # 1 sur 6 et un thé.
À mi-parcours, à St Pol-Ternoise,
pause téléphone: (1) appeler la SG à Hesdin. Je trouve leur N°
en cherchant "agences Société Générale", trouve une page dédiée.
Le N° cherché y figure, mais taxé à 3€. Après avoir déverrouillé
mon téléphone (qui doit normalement refuser d'appeler les
numéros surtaxés), après avoir bien attendu, j'obtiens la banque
salvatrice. Patatras, je peux me brosser: cette agence n'a pas
de caisse, elle ne peut pas me dépanner. Mais le monde est
finalement bien fait, car je passe environ 1 heure et demie au
téléphone et au soleil. Heureuse conséquence de cela: quand je
repars, il est trop tard pour atteindre Hesdin à temps pour
trouver la banque encore ouverte ce samedi matin. Pas de regret,
donc. J'ai aussi appelé (1) mon agence SG d'orgeval, qui me dit:
"courage" ; l'assistance Visa premier, qui me dit qu'ils ne
dépannent que hors de France ; et Amex, qui prend note de mon
opposition et me conseille de me faire dépanner par ma banque.
Bonheur ! Dans la ville, il y a une agence BNP ouverte et avec
caisse. Youpi ! Françoise y a un compte. Youpi youpi ! Patatras,
Je n'ai pas de procuration et peut donc me brosser. Au compteur,
il me reste 90€ pour tenir jusqu'à mardi, jour de Bergues -
Lille. 3 jours et 3 nuits restent à passer ailleurs (de
préférence) que dans des fossés. Il me faut économiser (ne pas
brûler plus que 30€/jour) et accélérer pour être à Lille mardi
matin. Les cadences infernales commençent, et sans petits cafés
ni bières pour tamponner tout ça.
Pointage a Vieil Hesdin ou je suis déjà passé au cours de l'une de mes flèches de Calais, mais sans pointer.
Pointage du soir à Aire sur
la Lys après un interminable trajet vent dans le dos. 5
km plus loin, camping à Mametz, dans les 10€ la nuit.
Plus on part tôt, moins on part tard. En vertu de cette maxime de Poulidor, la meilleure solution pour arriver tôt est de partir tôt et de rouler vite, sans s'arrêter. Or il n'y a que deux options pour trouver des sous en respectant le parcours impose par la Société Générale (trouver une agence SG avec caisse qui soit ouverte): perdre un jour et, mardi matin, trouver à Calais une agence avec caisse ; ou gagner un jour et arriver à Lille mardi matin et non mardi soir, pour y dévaliser une agence avec caisse ouverte. Je choisis de prendre de l'avance, un jour d'avance si possible. Au lieu de m'arrêter avant Calais et de passer la nuit de lundi soir à Bergues (et mardi soir à Lille), je veux donc virer Calais aujourd'hui et passer cette nuit de dimanche soir à Bergues, avec un jour d'avance, ou au pire (au plus court) à Gravelines, 30 km avant.
Le vent est d'Ouest avec un peu de Nord, avec des pointes à 50km/h. Jusqu'à Calais je l'aurai dans le nez, après ça sera carnaval.
Jusqu'à Licques, le paysage est collineux à souhait, une très belle région agricole avec du relief, donc des forêts. A Licques, je trouve un très beau camping ACSI. J'y achète le sandwich du repas de la journée, car on n'est jamais trop prudent en ces temps de disette, et un Café. Après Licques, une dernière montée me fait surplomber ce beau paysage, puis la route redescend vers Calais, ses marais et la mer.
La route passe à côté du camp du drap d'or. Je ne le vois pas. François 1er et Henri 8 ont dû le démonter sans m'avertir. La commune exacte est Balinghem, une commune ex-anglaise située à mi-chemin entre les châteaux de Ardres (français) et Guines (anglais).
A Ardres, je trouve une piste cyclable, inconnue comme toujours des cartes et de Openrunner, qui rejoint Calais par les canaux. Avec l'orientation, j'y ai le vent par le travers, atténué par les arbres. Garmin sert à valider le chemin dans toutes les bifurcations douteuses. Il est enfin temps de manger le sandwich de Licques.
Je pointerai et virerai finalement Calais à 13h30. Le relais de France Calais-Lille commence, on est dimanche midi et il ne me reste qu'une cinquantaine d'Euros en poche.
La route Calais-Gravelines est connue: plate et vent dans le dos. 20 km qui passent vite. A Gravelines, le camping est sur la plage à côté de la centrale nucléaire. Je n'avais pas trop envie d'y faire escale, je passe donc, vite. Une photo de l'hôtel de la Tour où nous avions fait escale fastueuse sur la route d'Amsterdam et je repars vent de travers tribord amure vers Bourbourg. Je passe la frontière qui sépare le Pas de Calais, que je quitte, du Nord, où j'entre. Puis c'est vent dans le dos vers Bergues et ses Ch'tis.
Que dire maintenant du camping de Chiry-Hourscamp dans l'Oise ? Bergues est mieux, bien mieux. On y trouve des femmes aux baraques à frites et le camping n'y coûte que 8,62€. Je décide alors de faire des folies: un dîner au resto-baraque-a-frites, assis à une table, sur la place du célèbre carillon, pour 11,30€. C'est Byzance !
Au camping, quand le soleil se lève dans les 6h du matin, il est facile de se lever tôt. Pour autant, il n'est pas facile de partir tôt. Bien géré, il faut entre 1h30 et 2h30 entre le réveil et le départ, vélo chargé, Pidej pris -ou non-. Mais, du fait de la rosée (dont on peut prévoir l'ampleur avec une bonne appli météo, mais à laquelle on n'échappe qu'en plantant la tente sous les branches protectrices d'un arbre, une hypothèse irréaliste), le double toit est mouillé ; si on plie comme ça, la tente, tout donc, sera mouillé. Deux choix: positionner la tente pour qu'elle soit exposée au soleil du matin et attendre 1 heure ou deux que ça sèche avant de démonter le double toit ; ou faire sécher une heure au soleil de midi.
De Bergues, la route part
vers Cassel: le célèbre mont Cassel. Ville romaine théâtre d'une
bataille terrible entre les troupes Anglaises et Allemande lors
de l'avancée Allemande en 1940 (mais qu'y faisaient les Romains
à ce moment ?). La ville a été détruite et reconstruite.
De Cassel, direction Steenvoorde proche
de la frontière. J'y apprends qu'il ne faut jamais acheter un
steak américain en Belgique. C'est une préparation faite à base
de viande de bœuf hachée à la préparation, mélangée avec des
sauces indéfinissables. En Belgique, j'entends qu'ils
utiliseraient de la viande de porc (oui, du halouf) hachée
d'avance...
Ascension du mont des Cats jusqu'en haut (jusqu'à l'abbaye). La pente est raide: 28/28. Casse-croûte en haut. Pris un café a l'auberge du mont des Cats. Cette auberge est élogieusement recommandée. Elle a été construite par l'abbaye il y a plus d'un siècle. Bonne adresse pour manger.
Yapuka aller vers Lille et camper juste avant. Cible: moins de 15 km de la banque salvatrice. Trouver un camping, quand on a droit aux données réseau sur son téléphone, est toujours aussi problématique. Que dire de la galère de ceux qui n'ont pas de données réseau pour cause de pays étranger ? Je trouve finalement un camping à Houplines dans la plaine d'après Armentieres.
Au camping, je suis en avance. Je trouve du courant. La batterie du panneau solaire embarqué est à environ 50% de sa charge maxi. Il faut environ 1 jour de soleil (ou 1 heure de courant) pour charger de 10%, et il faut environ 20% de sa charge pour recharger un Garmin + un iPhone. Il est donc probable que si on ne serre pas drastiquement les boulons (iPhone en mode économie d'énergie, ne pas répondre à son courrier hors urgences, réduire à minima les recherches internet) et qu'on a du soleil pour recharger en roulant, on tient environ 10 jours sans passer par la case départ ou une prise de courant.
Ce n'est pas si exceptionnel, le steak américain... Il me reste 15€, demain je trouverai une banque.
Départ matinal. Il me faut des sous et un train pour rentrer. En le lui demandant gentiment, je parviens à contraindre Mr Garmin à me tracer un chemin jusqu'à l'agence Société Générale la plus proche de la gare principale de Lille. Je vérifierai sur la carte. 15 km c'est vite fait, la route est une des petites départementales qui convergent vers Lille. Le trafic y est néanmoins intense en cette heure matinale de transhumance des citoyens laborieux vers Lille. J'apprécie le fait d'être à la retraite.
J'entre dans Lille par Canteleu, ce qui me rappelle que le frère de mon trisaïeul était appelé Guillaume de Canteleu. Son père (mon quadrisaieul) était blanchisseur de Tulle à La Madeleine, alors je cherche, et trouve, une rue des blanchisseurs. Il n'y a plus de blanchisseur de tulle, sans doute depuis plus d'un siècle. Photo.
À la banque, avec mes 15€ et ma vue basse, je m'entends dire que là non plus, il n'y a pas de caisse. Pas de caisse => pas de sous. C'est simple, la banque ! On m'envoie dans la grandissime agence du centre, j'y entre avec mon look de clochard et mes 15€. Pas de problème ! Je suis dépanné incontinent de 200€ (une vraie folie) et la banquière m'apprend que je me suis fait arnaquer quand j'ai du payer des sous pour appeler de la route l'agence de Hesdin avec mon téléphone portable. C'était une de ces sociétés "moteur de recherche", payantes sans apporter le moindre service. Ils étaient mieux placés que la Société Générale dans une requête internet "agence bancaire société générale pas de Calais". Autrement dit, ils avaient craché au bassinet chez Google. Et Trump qui veut promouvoir un internet à plusieurs vitesses ! Les utilisateurs de portable en galère sont chassés par des brigands de grand chemin sur internet, comme l'étaient autrefois (et le sont encore maintenant) les pèlerins de La Mecque. On ne m'y reprendra pas.
Je peux rentrer. Le train ne part pas de la gare des Flandres mais de celle d'a côté, là où se trouvent les trains pour Londres. Je découvre en montant dans le TGV que le vendeur de billet, après s'être assuré que mon TGV prendrait mon vélo, m'a vendu un billet sans vélo, à trois voitures de la motrice, qui a de la place pour quatre vélos suspendus. Le contrôleur, bonne âme, ne me demandera même pas d'acquitter le prix du vélo, et moi, pour rester près du vélo dans la motrice, je n'irai pas à ma place.
Mission accomplie. BPF soldés dans le Nord (Bergues et Mont des Cats) et le Pas de Calais (Mont Saint Éloi, Vieil Hesdin, Aire sur la Lys), pour un coût imbattable de 25€ par jour hors train (0,31€ / km), le tiers du coût d'une flèche. J'ai découvert la belle région collineuse a l'ouest de Saint Omer, mais le camp du drap d'or était malheureusement fermé. Ça aurait pourtant fait un bon ravitaillement sur la route.
Au retour aux Alluets, je retrouverai à la mairie mes cartes de Credit, Velib et autres, qui auront été retournées par la mairie du lieu où je les avais laissées. Comme quoi il est utile de mettre son adresse. Elle figurait, par pure chance, sur l'une des cartes du paquet perdu.
Jean-Pierre
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |
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