Accueil Organisations Programmes Souvenirs Annonces Pratique
  Compte-rendus Album Archives Médaillés
Album photos         À imprimer (PDF)

Flèche Paris-Calais

22 octobre 2011

par Thierry Streiff
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2011_paris_calais.html

Partir pour cette flèche s'est décidé rapidement. La météo annonce un week-end ensoleillé, la semaine de travail paraît longue ...
Le jeudi soir, je me décide pour le samedi : c'est sans doute la dernière occasion avant l'hiver de faire une longue distance sous le soleil. Je prépare donc le vélo, charge le parcours dans le GPS, imprime les horaires des trains pour le retour et établit un plan de marche.

Rueil-Malmaison : km 0 - 2h45

Lever à 2h00, une courte nuit mais c'est nécessaire si je veux attraper un train à Calais pour un retour ce soir à Rueil. Il me faut une marge suffisante: je crains d'être ralenti par un vent du nord ou d'est sur la Côte d'Opale, ce qui est fréquent quand nous avons ce beau temps.

Le froid me saisit : il fait -1°C dans le jardin. Le ciel est dégagé, les étoiles bien visibles, mais la lune, à son dernier quartier, n'éclaire pas beaucoup.

J'ai mis un trajet direct vers la Porte de Clignancourt dans le GPS pour ne pas perdre de temps et je pédale vivement pour me réchauffer.

Paris Porte de Clignancourt : km 13 - 3h30

paris
Départ de Paris

A part l'hôpital Bichat, je connais peu cette partie de Paris. C'est très animé en journée, et... encore assez animé à cette heure-ci.
Un groupe de jeunes s'approche, ça m'inquiète un peu mais ils ne cherchent qu'un kebab, un dernier endroit pour finir la nuit.

Je m'élance plein nord. Après quelques intersections, je deviens très prudent aux feux : je comprends qu'un feu rouge à cette heure n'est plus qu'une sorte de "laisser le passage" pour les voitures. Ce qui signifie a contrario que pour un vélo, un feu vert devient un stop.

Je dois rouler plusieurs kilomètres sur des routes en travaux, à cause des allongements de lignes de tramway/métro en cours. A partir de Groslay, c'est la sortie de la banlieue dense, je roule plus vite, mais je sens aussi qu'il fait plus froid.

Beaumont/Oise : km 51 - 5h00

Je poste une carte postale en guise de pointage à Beaumont/Oise. Comme celle-ci doit aller à Mours (bourg voisin), elle ne fera pas beaucoup de chemin !
Il fait très froid dans la campagne : à Bresles, à la hauteur de Beauvais, l'herbe de l'accotement est blanche comme s'il avait neigé. Il fait -5°C.
Mes pieds s'engourdissent, ailleurs je suis bien.
Le parcours slalome sur de petites routes de campagne et il y a de fréquents changements de direction. Le GPS me rappelle à l'ordre plusieurs fois alors que j'avais oublié de tourner. Heureusement car je n'ai surtout pas envie de retirer mes gants pour regarder la carte.
C'est agréable de voir le ciel s'éclaircir à l'est : l'âme se réchauffe avant le corps.

Conty : km 133 - 8h45

Je suis content d'arriver à Conty car le froid aux pieds est devenu désagréable. Je fais une visite rapide de la ville : sa boulangerie et son bar de la mairie.
Je me réchauffe dans le bar, et j'y resterais bien plus longtemps mais il faut repartir.
De retour dehors, le froid me saisit, il fait encore -2°C.

somme
Le canal de la Somme

Je traverse la vallée de la Somme à Hangest/Somme entre Amiens et Abbeville.
Je prends une photo rapide de la perspective du canal de la Somme s'en allant vers Abbeville puis la mer.
De Flixecourt à Gorenflos, le parcours emprunte alors des routes tortueuses et parfois très raides : beaucoup de petites côtes à 8-10% qui cassent le rythme. La campagne picarde est superbe sous le soleil: des champs en légère pente, quelques bosquets d'arbres et des éoliennes qui trouvent en hauteur un vent que je ne sens pas au sol.
Il fait maintenant bien meilleur au soleil même si la température n'est que de 5°C. Le cuissard et les chaussures noirs absorbent les rayons même faibles.

campagne_picarde
Campagne picarde

Crécy-en-Ponthieu : km 202 - 12h15

C'est le siège de la bataille de Crécy (1346), où l'indiscipline des chevaliers français mena leur camp au désastre.
Je retrouve le restaurant où j'ai mangé en mai lors du BRM 400 de Mours. Mais il est en "congés annuels". Je me replie sur un bar qui fait snack et je fais 45 minutes de pause, sous la stupeur résignée des piliers de bar locaux.
Je repars en passant à côté du site de la bataille : s'agissant d'une défaite française, il n'y a pas grand' chose à voir.

En passant un pont sur l'Authie, je passe de la Somme au Pas de Calais, changeant également de région. Clin d'oeil: le bourg coupé par le fleuve (l'Authie se jette dans la Manche au sud de Berck) s'appelle Nampont St Martin côté Somme, et Nempont St Firmin côté Pas de Calais.
A quelques kilomètres de Berck, je monte plein nord sur une route plate. Il fait beau, c'est le début des vacances de Toussaint, la mer est proche : il y a donc beaucoup de circulation.
Je traverse la Canche et j'arrive à Etaples.

etaples
Etaples

Etaples : km 244 - 15h00

Je prends une photo rapide du port sur la Canche, premiers bateaux que je vois.
Le trajet longe la rive vers l'estuaire où se trouve Le Touquet. Je pointe à l'office du Tourisme situé dans un superbe bâtiment en bois.
Après Etaples, le parcours emprunte jusqu'à Calais la D940, une route côtière fréquentée.
Heureusement, jusqu'à Neufchâtel-Hardelot, une belle piste cyclable longe cette route entre dunes et forêt.
Je traverse Outreau puis Boulogne/Mer. A la sortie de Boulogne, je m'arrête 5 minutes pour regarder la plage : des chars à voile et des véliplanchistes profitent du vent d'est.

boulogne
Boulogne

Ce vent sera de plus en plus défavorable à mesure que mon parcours va s'incurver du nord vers l'est.
Après Boulogne, la route monte et descend sur les falaises.
Un cycliste me double et semble m'attendre, j'accélère un peu, ça peut être sympa de discuter un peu, mais quand il me voit approcher, il accélère. Je laisse tomber le petit jeu: j'ai 280 km au compteur.

Audresselles : km 286 - 16h45

Ce bourg semble surtout constitué de résidences secondaires.
Je pointe à la boulangerie et m'offre un petit bonheur : un goûter au soleil, face à la mer et à l'abri du vent (en rentrant à Rueil, je m'aperçois que le tampon de la boulangerie n'indique pas Audresselles mais Wimereux, le bourg d'avant, grrrrr !)
Il me reste la route "des falaises" entre le Cap Gris Nez et le Cap Blanc Nez et le vent d'est me colle à la route.
Derrière chacun des deux caps, ça monte et ça descend pas mal. Un peu de plat et c'est le final derrière le Cap gris nez: deux montées raides, la dernière en lacet comme un col, 8-9% en permanence sur un kilomètre.
Après une longue descente, c'est plat jusqu'à la fin. A Sangatte, mes roues passent au dessus du tunnel sous la Manche.

La gare de Calais est bien indiquée dès l'entrée de la ville. La route passe à côté des restes de la citadelle de Vauban.
J'arrive à la gare et je vois que l'Hôtel de Ville est juste à côté, avec son beffroi classé au patrimoine de l'Unesco. Ce sera l'occasion d'une photo.

calais
Hôtel de ville de Calais

Calais gare :  km 318 - 18h05

L'employée du guichet m'annonce que le train que je voulais prendre n'existe pas. Je lui montre l'horaire que j'ai imprimé la veille sur Internet : elle fait la moue: c'est sur Internet. Je me retiens de lui faire remarquer que le site Web de la SNCF c'est aussi la SNCF, car il me faut toute sa collaboration si je veux rentrer à Paris ce soir (avec mon vélo).
Elle me trouve une solution avec TER jusqu'à Lille puis TGV Lille-Paris, arrivée 23h03.

Dans le TGV, ma tenue "de Fantomette travaille dans les travaux publics" attire les regards. Rien de tout ça dans le RER parisien, où plus rien ne surprend.

Retour à la maison à 0h00 -  21h après être parti.

Remarque : L' ACP indique sur la feuille de route un dénivelé de 1641 m pour 302 km. Après la flèche, la distance est bien confirmée, mais mon compteur indique pour dénivelé 2613 m et mon GPS 2465 m, ce qui fait un gros écart avec la feuille !

Thierry Streiff


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"