Il fait beau, la météo est optimiste pour les prochains jours, les activités associatives n'ont pas encore redémarré, c'est donc le moment de réaliser cette randonnée combinant à la fois la première moitié de la flèche Paris-Luchon jusqu'à St Léonard de Noblat et la chasse aux BPF dans les départements du centre-ouest. Le parcours représente environ 1000 km et nous devons être rentrés pour le 9 sept. au plus tard.
Nous n'avons pas terminé de remettre tout en place après notre retour de la campagne, il faut donc régler les urgences et refaire les bagages et nous ne prenons la route que vers 15h00.
Curieux de découvrir "la coulée verte" qui part de la Porte de Vanves vers le sud jusqu'à Massy, nous avons quelques difficultés à trouver l'entrée de cette piste cyclable à Malakoff. Les nombreuses chicanes à chaque croisement de rue nous obligent à mettre pied à terre. La signalisation est très insuffisante et nous fait perdre du temps. À certains endroits la piste est encombrée de piétons avec des landaus et des poussettes. Il nous faut 3 heures environ pour arriver à Palaiseau.
Nous décidons de faire étape à Villebon sur Yvette peu après Palaiseau dans un charmant petit hôtel "Le Moulin de Lily". C'est calme et de bon standing.
Nous dînons sur place, les spécialités de la maison sont les galettes de sarrasin que nous dégustons accompagnées d'une bouteille de cidre brut. Les serveuses sont jolies et le garçon bon commerçant.
Nous remontons dans notre chambre vers 20h00 et même si nous n'avons roulé que 3h, les préparatifs, la tonte du gazon etc... nous ont un peu fatigués. Heureusement un programme intéressant à la télé sur le Zambèze nous tient un peu éveillé jusqu'à 22h30.
Après une nuit confortable et un bon petit-déjeuner avec jambon, fromage, yaourts et fruits, nous pouvons tenir une bonne partie de la journée.
Chantal souhaite revoir le lycée Raymond Poincaré où elle a travaillé quelques temps dans les années 80. Nous passons en face sans le reconnaître...
La première étape St Chéron est un lieu de contrôle de la flèche. Jusque là, la circulation et la densité d'habitation nous confirment que nous sommes toujours en banlieue parisienne. C'est également assez vallonné. Nous retrouvons l'itinéraire emprunté l'an dernier avec les cyclistes allemands pour notre première étape jusqu'à Étampes.
À Étampes nous choisissons de pique-niquer à la base de loisirs près d'un plan d'eau et de la piscine à vagues. Nous sommes confortablement installés sur des tables à l'ombre des arbres. Nous avons même la possibilité de prendre un café à la cafétéria au bord de l'eau.
Nous repartons vers 13h30 et nous roulons maintenant dans la Beauce, toute plate avec ses grands champs de céréales, des villages clairsemés. Il fait chaud, nous faisons des petites pauses pour nous reposer les fesses.
À 16h30 nous arrivons à Neuville-aux-Bois à une vingtaine de km d'Orléans, nous avons parcouru 90 km, il n'y a pas d'office du tourisme. Au café où nous faisons une pause, le patron nous indique une chambre d'hôtes dans les environs. Il prend la peine de téléphoner et nous pouvons retenir immédiatement à "la ferme de Martinatrap". Il nous faut remonter de 5 km vers Montigny. C'est un hameau avec 3 fermes au milieu d'immenses champs. Le calme est garanti.
Nous sommes reçus par la jeune fille de la maison. Elle a deux frères qui s'intéressent beaucoup aux chevaux. L'exploitation agricole représente environ 125 hectares. Autour de la vaste cour, des hangars sont remplis de ballots de paille. Devant la chambre, un petit coin d'herbe est aménagé avec tables et chaises pour manger. C'est là que nous dînons avec le ravitaillement fait au bourg.
Nous nous réveillons un peu plus tard que prévu et le petit-déjeuner est servi dans la salle de séjour voisine sans que nous nous en apercevions. C'est copieux et varié (fruits, yaourts..). Avant de partir au travail, la mère nous rend visite pour le règlement. Elle travaille au service du Personnel d'une filiale du groupe Sanders (alimentation du bétail) et gère 80 personnes. Sa fille qui rentre prochainement en terminale S envisage de faire du design, elle vient ensuite débarrasser et remettre tout en état. Toute la famille semble active et accueillante et donne un nouvel aperçu d'un monde agricole entreprenant.
Nous démarrons à 9h00 et repassons par Neuville-aux-Bois pour rejoindre la Loire à Jargeau.
Nous sommes ensuite rapidement dans la forêt solognote, la route est plus tranquille, nous roulons sous une nef de verdure. Un peu avant Sonnely, nous sommes rejoints par un cyclo qui engage facilement la conversation. C'est un gendarme en retraite, il a 73 ans et en parait 10 de moins, il habite Sully-sur-Loire et tous les 2 jours, il fait une bonne demi journée de vélo (70/80 km) et rentre vers 15h chez lui. Sa femme (69 ans) fait du vélo d'appartement. Il est ouvert et chaleureux et le courant passe bien entre nous. À Sennely il nous indique la seule boulangerie qui soit ouverte et c'est là que nous nous séparons.
Il ne souhaite pas prendre son sandwich avec nous et nous allons au bord des étangs voisins à 2 km pour pique-niquer. C'est calme, quelques pêcheurs tâtent le goujon, ils n'attrapent rien pendant que nous sommes là..
Nous nous installons sur une table de pique-nique à l'ombre. On peut même faire une petite sieste avant de repartir.
Impossible de trouver sur notre route un bar pour prendre un café. Nous roulons en forêt, c'est plat avec très peu de circulation. Il fait chaud. À Souesmes, lieu de contrôle de la flèche Paris-Luchon, un bar est ouvert, quel délice que la dégustation d'un coca bien frais sur la terrasse à l'ombre ! Il faut aller à la poste pour avoir un coup de tampon sur lequel Souesmes est bien indiqué.
Encore une dizaine de km pour arriver à Salbris sur la N 20 au coeur de la Sologne. À l'Office de Tourisme, nous pouvons retenir une chambre à "l'Auberge de la Tête de Lard". C'est un logis de France. À l'entrée du bourg nous admirons le château en briques du 17e. La plupart des commerces sont fermés, il n'y a que notre auberge qui survit ! C'est de bon standing à un prix raisonnable. Au parking, surtout des voitures immatriculées en GB et en Hollande. La recommandation au Bottin Gourmand y est pour quelque chose.
Le repas est à la hauteur de l'établissement, nous mangeons sur la terrasse et c'est très agréable.
Au petit-déjeuner nous retrouvons les familles anglaises et hollandaises d'hier soir. La vallée de la Loire toute proche attire beaucoup d'étrangers.
Nous démarrons vers 9h00 en direction de Selle-sur-Cher. Nous croisons quelques concurrents d'une course à pied de 100 km, ils ont chaud... Au lieu d'aller sur Villefranche-sur-Cher nous traversons le Cher à Mennetou-sur-Cher, une ancienne ville fortifiée où passa Jeanne-d'Arc en 1429.
En approchant de Valencay, des affiches nous apprennent que c'est aujourd'hui jour des Comices Agricoles. Nous montons dans la partie haute de la ville vers le château. Sur la place centrale près des halles, de nombreux stands de produits agricoles sont dressés. À l'entrée des halles, l'un d'entre eux attire notre attention, il propose une dégustation comparative de vins et de fromages de chèvres. Notre candidature est facilement acceptée. Nous devons comparer et noter sous 3 critères (la vue, l'odeur et le goût), 6 vins rosés différents. Nous faisons le test très sérieusement. Personnellement je déteste gaspiller et je n'utilise pas le crachoir. Je les trouve tous excellents. Le viticulteur nous considère comme de bons dégustateurs et, pour conclure, il nous propose un verre de blanc, celui qu'il préfère. Nous aurions pu continuer avec du blanc et du rouge mais l'idée d'avoir à remonter sur le tandem nous fait renoncer.
Nous passons au test des fromages de chèvres. Nous avons le choix entre deux terroirs : le Valencay et La Selles-sur-Cher. Nous choisissons le Valencay. Il nous faut comparer, noter et classer huit fromages différents selon les mêmes critères que précédemment. Pour mieux les apprécier j'en déguste plusieurs morceaux chaque fois et j'ai beaucoup de mal à les classer... ils sont tous excellents !
Sur la place, un autre stand propose des repas. Pour compléter la dégustation apéritive, nous prenons un plateau avec une andouillette frites et oignons frits, plus une tartelette en dessert accompagné d'une bouteille... d'eau fraîche et d'un café.
Pendant le repas notre accoutrement et le tandem attirent un peu l'attention et un notable local vient nous faire un brin de causette.
Il nous faut un peu de courage pour repartir sur le tandem et remonter la rue principale vers le château. À un croisement nous faisons le mauvais choix, la rue redescend tout schuss et nous nous retrouvons devant la pancarte de sortie de la ville. Nous n'avons pas le courage pour remonter à l'Office du Tourisme en face du château et prenons une photo pour remplacer le coup de tampon du BPF. Tant pis pour le château que nous n'avons vu que de loin !
Nous roulons vers le sud le long de la petite rivière Nahon bordée de charmants petits châteaux : Breuil puis Entraigues où nous nous arrêtons pour téléphoner à la famille. Au moment de repartir nous apercevons au-dessus des maisons les tours d'un château. Nous faisons un détour pour prendre une photo, une jeune femme passe par là, je l'interpelle, c'est la propriétaire. Elle nous explique qu'ils viennent de l'acheter avec 22 hectares de terre autour. L'ancienne propriété avec toutes ses fermes faisaient 220 hectares ! Ils sont en pleins travaux de rénovation, ils en font une grande partie eux-mêmes et vivent sur place dans les communs.
À quelques km de là, à Pellevoisin, une grande église nous invite à faire une pause. C'est jour de pèlerinage à la Vierge. L'église est vide. Les murs sont couverts d'ex-votos. Quelques références indiquent qu'ils sont en "connexion" avec Paray-le-Monial. Dans le village de nombreuses croix nous font penser que nous sommes dans un creuset de dévots.
Palluau-sur-Indre (BPF du 36) n'est plus qu'à une dizaine de km. La route est maintenant plus vallonnée. Nous montons au château de Palluau-Frontenac qui est une propriété privée. Certains des anciens propriétaires ont donné leur nom à l'un des plus grands hôtels de Québec "Le Château Frontenac". Il est trop tard pour visiter celui-ci et nous allons à l'Office du Tourisme à proximité pour trouver une chambre d'hôtes. L'employée nous trouve une chambre à un prix raisonnable dans le bourg à quelques centaines de mètres. Mme Perreau-Sigogne loue habituellement un gîte pour plusieurs jours mais parce que nous sommes à Palluau, elle accepte de nous le louer pour une seule nuit. La maison a un petit jardin et quelques dépendances. C'est super.
Sur les conseils de notre hôtesse, nous allons faire quelques achats à l'épicerie de Valérie dans la rue du dessous pour manger ce soir et demain matin.
Nous nous installons dans la maison, j'écris mon journal dans le jardin, c'est très calme.
Après une nuit bien calme et reposante et un petit-déjeuner reconstituant, nous allons saluer notre hôtesse dans la maison voisine. C'est une ancienne avocate parisienne qui s'est retirée ici et a acheté les maisons voisines de la sienne pour être tranquille.
Nous démarrons à 9h30 vers le parc de la Brenne que nous traversons sans difficulté. Les routes droites et plates au milieu des étangs sont tranquilles. Nous pique-niquons à Ciron (BPF 36) près de l'ancienne gare désaffectée et de la stèle dédiée aux ingénieurs aéronautes qui ont expérimenté le 18 avril 1875 un vol en ballon et n'ont pas maîtrisé leur ascension. Leur aéronef est monté jusqu'à 8500 m et ils sont morts gelés dans leur nacelle.
Une voie verte, à la place de l'ancienne voie ferrée suit la nationale jusqu'à Argenton-sur-Creuse mais les nombreuses chicanes nous découragent, nous reprenons la route secondaire sur la gauche de la rivière, c'est tranquille et peu vallonné.
À Argenton-sur-Creuse nous avons parcouru 70 km et la fatigue commence à se faire sentir. Nous faisons une pause rafraîchissement, retrait d'argent et la plein d'eau avant de repartir vers La Châtre sans autre choix que d'emprunter la nationale. Heureusement il n'y a pas trop de circulation et c'est très roulant.
Pause photo à Bouesse, un joli bourg avec un beau château-hôtel. Dix km plus loin, nous arrivons à Neuvy St Sépulcre qui a la particularité d'avoir une basilique ronde. Une exposition au premier étage nous permet de rencontrer un "guide" qui nous raconte un peu l'histoire de cet édifice construit en 1080 au retour d'un pèlerinage en Terre Sainte du Seigneur local. Il a fait construire cette église selon la même configuration circulaire que le Saint Sépulcre de Jérusalem.
C'est dimanche et nous avons quelques difficultés à trouver une adresse pour faire étape. Nous avons roulé plus de 95 km et nous ne souhaitons pas en faire 15 de plus pour aller jusqu'à La Châtre. Tous les hôtels sont fermés. Nous trouvons finalement un gîte de pèlerins ce qui nous permet de faire la connaissance de pèlerins sur la route de St Jacques. Deux d'entre eux sont originaires du nord et connaissent bien une de mes cousines. Le monde est petit !
Nous pouvons faire quelques courses à la supérette voisine et acheter une grande pizza chez un pizzaiolo. Nous mangeons tous ensemble et partageons nos expériences de randonneurs.
Les gardiens du gîte se présentent vers 21h, ils s'intéressent à notre expérience de cyclo car ils sont eux-mêmes pratiquants. Dernièrement, ils ont fait en vélo le canal du midi.
Nos amis de Limoges cherchent à nous joindre au téléphone pour savoir où nous en sommes. Nous annonçons notre passage pour jeudi soir.
Nous dormons tous dans le même dortoir, il est propre et confortable.
Nous sommes les derniers à nous réveiller et à nous lever à 7h15. Apparemment nos voisins de chambrée n'ont pas été gênés par les ronflements.
Tout le monde a pris le petit-déjeuner quand nous arrivons dans la salle à manger et c'est une chance pour nous car nous profitons des restes de beurre, de confiture et de café, tout ce qui nous manquait ! Avec nos provisions nous pouvons donc faire un super petit-déjeuner et, après un complément de nettoyage, nous décollons un peu avant 9h00.
Il nous faut grimper une belle longue côte pour sortir de Neuvy. Nous suivons la nationale jusqu'à La Châtre où nous pointons à l'Office du Tourisme.
Pour éviter la nationale, nous suivons les indications du GPS qui nous dirige vers Briantes, St Saturnin et Culan le BPF suivant, soit une trentaine de km. Il fait chaud, ça monte et ça descend, nous atteignons Culan à 12h30. Un restaurant nous attend avec un menu ouvrier à 12 EUR avec de la bavette. Avant de quitter le village nous allons voir le château, une bâtisse moyenâgeuse qui semble bien conservée.
Nous roulons vers le sud-est souvent sur des petites routes tranquilles mais la chaleur nous oblige à des arrêts fréquents dans chaque village. Les vallonnements d'une route toute droite sont monotones. À Huriel (BPF 18) nous allons à l'Office du Tourisme, l'hôtesse Julie est sympathique et efficace. Elle nous trouve une chambre d'hôtes dans le bourg à un prix raisonnable, on peut même prendre le repas du soir. Nous aurons la chambre de secours qui est néanmoins confortable. Nous faisons la connaissance d'autres hôtes de passage, nous devons être une dizaine au dîner. En attendant les retardataires, nous faisons connaissance d'autres hôtes qui viennent de Meurthe et Moselle et partent en cure en Charente.
Nous dînons à la chandelle dehors sous un barnum ; le vin aidant, l'ambiance est chaleureuse et joyeuse. Seuls les deux adolescents d'une famille italienne sont un peu sur la touche pour des problèmes de langue.
Ce matin nous avons du mal à évaluer l'heure, tout est calme, la salle voisine de notre chambre est prête pour le petit-déjeuner mais personne ne bouge. Petit à petit la troupe émerge. Nous déjeunons avec le couple de Meurthe et Moselle puis le jeune couple belge se joint à nous. Serge le patron, toujours seul, prépare le petit-déjeuner et doit aller attraper un âne dans un pré pour la balade avec les italiens.
Nous nous préparons à notre rythme et dès que nous sommes prêts vers 9h15 nous démarrons. Le soleil est déjà chaud, c'est vallonné. Nous montons à Toulx Ste Croix en empruntant des petites routes bordées de mûres ce qui nous donne des occasions de pause dégustation.
Toulx, le point dominant de la région, est un hameau de 30 habitants sans aucun commerce; seul un menuisier ébéniste, barbu et moustachu à la Jean Ferrat, travaille dans son atelier et se félicite de cette tranquillité. Nous faisons une photo devant la pancarte pour garder trace de notre passage.
À une dizaine de km plus loin à Bord-St-Georges, nous trouvons une épicerie ouverte où nous achetons un melon et des yaourts et, quelques centaines de mètres après, un café offre un peu de restauration. Nous nous installons en terrasse, à l'emplacement d'une ancienne pompe à essence, les gens s'adaptent aux besoins des clients. La patronne est pleine d'attention pour nous, nous optons pour un plat des Combrailles, de la bavette pour moi, du poulet pour Chantal avec des frites et de la salade. En entrée nous terminons notre pizza.
Nous repartons sans perdre de temps vers Chambon-sur-Voueize. Au confluent de la Voueize et de la Tardes, dans le pays de Combrailles vallonné et verdoyant, Chambon-sur-Voueize occupe un site agréable à proximité des gorges de la Voueize. L'ancien monastère et l'église abbatiale Sainte-Valérie occupent le centre ville. C'est l'une des plus importantes et intéressantes églises de style roman du Limousin. L'Office du Tourisme est à proximité et nous pouvons retenir une chambre d'hôtes à une trentaine de km plus loin.
De Chambon à Evaux-les-Bains, sur une route assez fréquentée avec beaucoup de camions, nous devons grimper une pente de 7 à 10% non stop pendant 5 km environ. Il fait chaud, nous progressons en silence et à petite vitesse avec notre chargement. A Evaux nous avons du mal à trouver un café et c'est à l'Office du tourisme que nous pouvons pointer notre passage.
Nous filons vers le sud, c'est toujours bien vallonné. À Auxances, les explications reçues au téléphone pour arriver à la chambre d'hôtes au village Les Mars nous paraissent simples mais nous partons dans une mauvaise direction et nous tournerons en rond avec de nombreuses montées et descentes avant d'atteindre notre but : "les Coursières", après plusieurs appels téléphoniques à notre hôtesse, Mme Kirsche. C'est vraiment le fin fond de la Creuse.
Notre hôtesse, qui a 88 ans, habite cette maison avec sa fille aide familiale auprès des personnes âgées, et son gendre chauffeur de bus scolaire. Elle fut la première à ouvrir une chambre d'hôtes dans la Creuse il y a 40 ans. Elle rentrait du Maroc (Casablanca) où avec son mari ils exploitaient 300 hectares. Ils sont partis avec leur valise. Ils ont eu 5 enfants, l'un est mort en bas âge à 11 ans au Maroc.
Ce soir nous sommes deux couples clients. L'autre couple vient de la région lyonnaise et va en vacances en Vendée. Ils connaissent assez bien le milieu cyclo. Nous mangeons ensemble et la conversation est animée notamment sur le yoga pratiqué par la fille de Mme Kirsche. Après le repas, le lyonnais nous invite à aller observer les étoiles. Le ciel est bien dégagé, aucune lumière artificielle ne vient polluer l'obscurité.
Nous montons nous coucher vers 22h30 après un pousse-café ou une tisane.
Nous nous sommes mis d'accord pour prendre le petit déjeuner à 8h30 avec nos collègues lyonnais. La conversation revient sur la vie de Mme Kirsche au Maroc. Elle a rencontré son mari à Casablanca, c'était la guerre, il cherchait à gagner l'Angleterre après son évasion d'un camp de prisonniers. Ils se sont mariés à Casablanca et ont dû quitter le pays en 1956 après l'indépendance.
Cette année pour la première fois depuis 1956, elle est retournée au Maroc avec sa fille et sa petite fille. Elle a réuni toutes les photos de ce voyage dans un épais album. Le feuilleter en totalité nous emmènerait jusqu'à midi, je prépare le tandem et nous réussissons à partir un peu avant 9h30.
Il faut remonter aux Mars pour retrouver la route de St Georges Nigremont. Il fait chaud nous progressons au mieux à environ 17 km/h. St Georges est à 750 m et nous partons de 650 m. Quelques km avant St Georges à Crock, nous rencontrons le gendre de Mme Kirsche au volant de son bus scolaire. Il klaxonne pour nous saluer.
Au village suivant, un restaurant routier retient notre attention, il est midi, nous y faisons étape jusqu'à 13h30. Les quelques km pour arriver à St Georges exigent de la persévérance. Nous faisons une photo à la pancarte et quelques dizaines de mètres plus loin notre pneu arrière éclate. Nous poussons le tandem jusqu'à la terrasse du petit bourg pour réparer avec deux emplâtres.
Nous allons ensuite nous rafraîchir à la crêperie qui a un beau tampon pour les cyclos.
La descente se fait prudemment et nécessite des regonflages réguliers. Après une dizaine de km à Feletin, nous ne trouvons aucun vélociste, il nous faut faire un détour jusqu'à Aubusson, 10 km plus loin, pour espérer trouver une solution à notre problème. On regonfle juste ce qu'il faut dans un garage qui nous donne deux adresses à Aubusson où nous avons une chance de trouver un pneu et une chambre à air. Un peu plus loin à l'arrêt d'un feu de circulation, nous interpellons un cyclo qui nous accompagne jusqu'à Aubusson. Il nous conduit directement au centre de la ville dans un magasin moto-vélo où nous pouvons acheter un chambre à air. Le commerçant n'a pas de pneu nous convenant et il nous envoie vers le magasin Aubusson-bricolage en zone industrielle et là, nous trouvons ce que nous voulons. Nous sommes soulagés. Nous avons perdu du temps mais nous pouvons continuer notre voyage.
Retour au centre ville, à l'Office du Tourisme qui est encore ouvert. Il nous propose un petit hôtel à proximité qui a encore une chambre disponible au deuxième étage sans ascenseur... Nous faisons quelques courses dans un petit Casino pour compléter nos provisions avant de changer le pneu arrière et la chambre à air. Après une bonne douche qui nous fait oublier la chaleur de cette journée, nous dînons dans notre chambre devant la télé.
Au téléphone avec notre ami Philippe, de Limoges, nous organisons notre étape du lendemain de manière à arriver à une heure décente chez eux.
Nous nous réveillons vers 7h45, plus tard que nous avions prévu. Le petit-déjeuner dans la salle du bistrot au milieu des clients qui prennent leur café avant d'aller au travail, nous replonge dans le bain du quotidien.
À regret nous ne pouvons pas visiter Aubusson et il faut prendre la route tout de suite et monter une côte de 5 km pour sortir de la ville. Nous roulons sur une nationale sans trop de circulation. Nous visons Bourganeuf à une quarantaine de km pour la matinée. La route est vallonnée.
Bourganeuf, une ville d'environ 3000 habitants eut son heure de gloire à la fin du 19e siècle, elle fut la troisième ville française à utiliser la nouvelle énergie d'une centrale hydraulique, l'électricité. Après quelques courses, nous pique-niquons près du château du 15e siècle avant de repartir pour St Léonard de Noblat à une quarantaine de km. Il fait encore chaud, nous roulons sur une nationale sans trop de circulation, excepté de nombreux camions chargés de grumes.
Nous arrivons à St Léonard vers 15h00 et à l'Office du Tourisme nous pointons ce dernier contrôle de la flèche Paris Luchon car les suivants ont été faits en juin. Nous allons visiter la collégiale qui date des XIe et XIIe siècle, dédiée à saint Léonard, c'est un chef-d'oeuvre de l'art roman limousin. Elle fait partie du Patrimoine Mondial de l'humanité au titre des Routes de Saint-Jacques-de-Compostelle qui passent par ici. Cette localité est connue pour ses massepains, sorte de macarons qui sont un subtil mélange d'amande pilée, de blanc d'oeuf, de sucre et de farine fine. Ça fait rêver Chantal...
Statue de Poulidor à St Léonard de Noblat | À Limoges chez Philippe et Paule |
Il nous reste une vingtaine de km pour arriver à Limoges, la circulation est beaucoup plus intense. Nous tâtonnons pour retrouver la rue des Pénitents noirs où habitent nos amis. Heureusement peu après le pont sur la Vienne pendant que Chantal fait quelques achats dans une pâtisserie j'aperçois Paule et Philippe sur le trottoir près de chez eux, quel réconfort de les retrouver !
Nous échangeons sur la terrasse de leur grande maison avec un rafraîchissement pendant un bon moment avant de prendre notre douche et un peu de repos.
Nous nous retrouvons vers 20h pour dîner dans le salon devant le portrait d'Henri Sénémaud, l'arrière grand-père de Philippe et de Jean Sénémaud. Nos conversations se déroulent comme si nous nous étions quittés hier.
Avant de nous coucher, nous vérifions les horaires de train entre Poitiers et Paris en vue de notre retour.
Lorsque nous nous réveillons vers 8h00, c'est le grand calme dans la maison. Il a plu au cours de la nuit et nous avions laissé le tandem dehors. Philippe a eu le réflexe de descendre dans la nuit pour le mettre à l'abri sous le parasol et de rentrer nos casques dans la maison. Il s'est sali au contact de la chaîne et a noirci ses draps en se recouchant. Ce n'est pas une sinécure de recevoir des amis en vélo !
Quand nous descendons vers 8h30, Paule et Philippe ont déjà déjeuné. Une table appétissante nous attend et, en mangeant, nous pouvons continuer notre conversation. Nous convenons qu'il serait souhaitable que nous nous retrouvions un peu plus longuement que ces visites rapides.
Nous partons un peu après 10h00 et la route indiquée par Philippe pour aller à Aixe est agréable et roulante. À Aixe, nous traversons la Vienne et prenons une route secondaire vers Rochechouart (87). À midi, nous arrivons à Cognac-la-Forêt (87), c'est le seul endroit où nous pouvons trouver un restaurant. Chantal aperçoit un menu ouvrier au centre du bourg en bord de route. Au menu : salade de gésiers, brandade de morue à la mode portugaise, fromage, dessert et vin le tout pour 12 EUR et le café à 1 EUR... Nous sommes l'objet de toute l'attention de l'imposante serveuse et de quelques clients qui viennent nous féliciter de voyager ainsi sur un aussi long parcours.
En sortant il tombe quelques gouttes, nous en profitons pour aller visiter l'église avant de reprendre la route pour Rochechouart à 16 km. C'est toujours une succession de montées et de descentes jusqu'à Rochechouart. Nous montons dans la partie haute de la ville pour visiter l'église prête à recevoir un enterrement, et l'imposant château qui abrite le musée départemental contemporain. Chantal s'intéresse particulièrement à la chute de la météorite il y a 200 millions d'années, d'où le nom de Rochechouart !
À 5 km, à Chassenon (BPF 16), un important site de fouilles archéologiques de l'époque gallo romaine, permet de revisiter les habitudes et les modes de vie de cette époque. Ce nouveau centre propose une visite très pédagogique.
Nous faisons le point sur la place du village et décidons de faire étape à Confolens à environ 25 km.
Nous cherchons à suivre la Vienne via Chabanais et Chirac avant de rejoindre la nationale un peu avant Confolens situé au confluent de la Vienne et de la Goire. Le bourg est accroché aux collines qui bordent la rivière. Nous montons à l'Office du Tourisme qui est fermé depuis une demi-heure. Heureusement une liste des chambres d'hôtes de la localité est affichée sur la vitre. Nous devons téléphoner à plusieurs adresses pour en trouver une qui peut nous recevoir : Mr et Mme Valeyre 9 rue du Pont l'Ecuyer, c'est à proximité de l'Office du Tourisme mais un peu compliqué à trouver. C'est une magnifique villa avec beaucoup de cachet. Nous sommes chaleureusement accueillis. Les propriétaires sont des enseignants en retraite, originaires du Nord (Le Cateau), leurs enfants en vacances s'apprêtent à repartir demain matin.
Après la douche et un peu de repos, nous descendons à pied dans le bourg dans un établissement recommandé par notre hôtesse pour ses bonnes pizzas. Nous en serons très satisfaits. Au retour une petite bruine nous incite à rentrer directement.
La maison appelée la Villa Val Rocas fut construite en 1903 par un médecin ophtalmologiste de Limoges. Elle est entouré d'un terrain très arboré qui descend abruptement jusqu'à la rivière. La tempête de 1999 occasionna d'importants dégâts dans le parc sans dommage pour la maison.
Nous sommes convenus de prendre le petit-déjeuner à 8h30 pour laisser à notre hôtesse le temps d'aller chercher du pain frais. Tout est prêt quand nous descendons et la table est installée en face d'une bow-window qui donne sur le jardin et au-delà de la vallée du Goire. C'est bien servi avec du fromage, d'excellentes confitures maison, des fruits... Mme Valeyre nous tient compagnie. Leurs enfants sont repartis dans le nord tôt ce matin. Elle dispose de plusieurs chambres d'hôtes et un pavillon voisin est loué en gîte.
Nous avons droit à une visite commentée d'une partie de la maison : la très belle cheminée dans le salon, l'ancienne cuisine, les différentes pièces du sous-sol. Chantal me rappelle que l'heure avance et qu'il serait bon de reprendre la route. Nous retraversons le bourg, en prenant encore quelques photos, notamment de l'église St Barthélemy.
La route que nous empruntons remonte vers le nord en direction de Poitiers, nous pouvons la quitter rapidement et rouler sur un itinéraire plus tranquille vers Charroux. Nous retrouvons avec plaisir des routes plates et notre moyenne de 20 km/h.
Pause à Charroux pour admirer les restes du clocher de l'ancienne abbaye et l'église avec une belle statue de Ste Anne.
Clocher de l'ancienne abbaye de Charroux | Les halles de Charroux (Vienne) |
Au syndicat d'initiative nous rencontrons une jeune cycliste hollandaise, une belle athlète, plus lourdement chargée que nous. Elle est sur le chemin de retour de St Jacques; elle prévoit de rentrer à Amsterdam pour le 20 sept. Elle a parcouru 3500 km à raison de plus de 100 km/jour en moyenne...
Nous faisons quelques achats pour le pique-nique à un marchand ambulant installé sur la place.
Après une dizaine de km, nous trouvons un emplacement tranquille pour pique-niquer, dans un hameau à proximité d'un étang. Chantal en profite pour téléphoner à ses filles et nous reprenons la route après une petite sieste. Le soleil est un peu voilé aujourd'hui et le temps s'est rafraîchi.
À Gencay, le syndicat d'initiative est fermé le samedi après-midi. Après une pause boisson, nous repartons vers Poitiers. Une piste cyclable le long de la nationale nous permet de rouler plus en sécurité, mais les indications irrégulières nous font perdre du temps.
St Benoît, le dernier BPF avant Poitiers, est situé au sud de Poitiers niché dans un vallon où serpente le Clain et le Miosson. La ville s'est agrandie en occupant les coteaux situés de part et d'autre de cette vallée protégée. Toutes les rues ont des pentes accentuées. Le patron du café où nous prenons une boisson pour pointer notre carte est un ancien marin bourru comme le capitaine Haddock. "Ici il n'y a que des cons et rien de neuf" nous dit-il en guise de bienvenue ! Nous n'avons pas de temps à perdre et repartons pour nous renseigner sur les trains qui pourraient nous ramener de Poitiers à Paris aujourd'hui ou demain. Cette capitale régionale est également construite sur une colline. Pour aller à la gare, il nous faut suivre les anciens remparts qui épousent les dénivelés du terrain.
Nous arrivons vers 17h00 à la gare et, bonne surprise, nous pouvons trouver une place dans un TGV direct pour Paris : départ à 18H00 et arrivée à Paris vers 20h00. Le temps d'acheter de quoi manger pendant le voyage et nous nous installons avec quelques difficultés dans le train. La place pour monter un vélo est plus que juste pour un tandem. Nous y arrivons et nous profitons de ces deux heures pour nous reposer et lire une revue sur le vélo donnée par un cyclo rencontré dans la gare. Pour se changer les idées, à la suite d'une séparation, il s'était organisé un WE de vélo avec sa remorque et sa tente.
À la gare Montparnasse, nous retrouvons l'excitation et le brouhaha parisien mais rapidement nous reprenons notre rythme de randonneur dans les rues de la capitale. A 21h00 nous arrivons à la maison, tout étonnés d'être déjà rentrés après 11 jours d'itinérance en ayant parcouru plus de 900 km.
Henri & Chantal Courmont
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |
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