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Depuis le Maroc 2 en 2009 autour du mont Toubkal derrière Marrakech et après Majorque, on savait qu'on voulait aller faire un tour à VTT en Cappadoce, pays des cheminées de fées et des montgolfières, mais on ignorait encore pourquoi. Alors Olivier et Pascal nous ont organisé tout ça: Olivier pour la semaine et Pascal pour la préparation dantesque à Sille le Guillaume. Nous étions onze avant la préparation. Une chute imprévisible (toutes les chutes sont imprévisibles) fait renoncer Marc, poignet cassé. Le VTT, et les VTTtistes en sont fiers, ce n'est pas de la gnognote. Alors nous partirons à 10, à la déception de nos hôtes qui comptaient bien sur un groupe de 11 pour mettre du beurre dans leurs épinards en ce début de saison à Goreme.
Cest où, Goreme ? c'est en plein milieu de la Turquie, de l'Anatolie. Milieu Est-Ouest entre Istambul et le mont Ararat qui souligne la frontière Est avec l'Arménie Orthodoxe fort peu musulmane et un tronçon sunnite isolé de l'Azebaidjan (car l'Iran qui les sépare est fort peu sunnite), voisins de la [fort peu orthodoxe et fort peu kurde] Turquie. Milieu Nord-Sud entre les plages de la Méditerrannée et celles de la mer Noire, célèbre par Sebastopol et ses Russes en Crimée. L'aéroport local est Kayzeri, une ville de commerçants trop prospères pour avoir une moindre chance d'être choisie comme capitale par Mustapha Kemal en 1923. En cherchant bien, on trouverait Hattusha à 100 km au nord de Goreme (et 100 km à l'est d'Ankara).
Mais la capitale de l'empire Hittite, qui disparut peu aprés la bataille de Kadesh avec Ramses II (1274 BC) dans une révolution interne qui suivit de peu le traité de paix Hittito-Egyptien qui a suivi; n'est pas notre point de référence. Dommage. Nous sommes plutôt témoins ici, en haut Anatolie, de la disparition en 1923 de plus de vingt siècles de présence orthodoxe de chrétiens d'Orient, relatifs premiers occupants, qui ont été chassés (au nombre de un million de personnes) en 1923 par Mustapha Kemal lors de sa construction de la Turquie laique des restes de l'empire Ottoman en décomposition. Ce sont leurs maisons et églises troglodytiques, bien postérieures aux créations de l'empire hittite, que nous allons visiter pendant cette semaine, sans autres traces des descendants de leurs occupants que des graffitis récents sur les peintures murales, représentant des saints, des églises souterraines. Ici, les anciens, ce sont les chrétiens orthodoxes, cousins éloignés des coptes d'Egypte.
Nous sommes arrivés, par un voyage en avion sur Turkish Airlines par Istambul et Kayzeri. L'organisateur nous attendait à Kayzeri à la descente d'avion pour nous mener en une heure de minibus vers l'hotel dont il est propriétaire à Cavusin. Personne sauf le guide n'est venu à vélo en Turquie. À cette étape de cete semaine, notre bilan carbone (en tonnes par jour) est pharaonique. Maurice notre guide nous rejoindra le lendemain matin après 24 heures de bus depuis la côte Méditerranéenne où il habite.
Le matin, découverte émerveillée, vers les 7h du matin, de l'essaim de montgolfières (dites "Balloons" par les autochtones) aux nacelles de 18 à 24 places qui entoure la butte de terre où a été construit l'hôtel. Toutes ces montgolfières nous survolent, survolent les parties rocheuses et dentelées de constructions humaines creusées dans la pierre de sable à proximité, ou atterrissent dans les parties plates environnantes. L'air du petit matin est aussi calme qu'il peut être car les brises solaires dorment encore, c'est le moment magique du vol en ballon. Ces montgolfières constituent la première attraction de la région, celle pour laquelle la Cappadoce est célèbre mondialement. Il faut dire que le paysage et la clarté de l'air s'y prêtent.
Le premier jour, la tradition veut qu'un membre du groupe n'ait pas ses bagages de soute, alors on fait un tour de chauffe et de notation par Maurice de nos compétences respectives, autour de Goreme, dans un terrain de jeu autour des cheminées de quelques fées sympathiques. Tous les bagages étaient arrivés, tous les vélos perso sont là et en bon état, alors nous partons relativement tôt après un ptidej turc.
C'est beau, c'est difficile. On commence par quelques difficultés en voie unique qui descendent, qui montent, qui tournent, qui font tout ça à la fois pour voir qui mettra le premier pied à terre. C'est très efficace et nous prenons bien vite une configuration de chenilles processionnaires que, à quelques exceptions près, nous ne quitterons plus de toute la semaine. Les paysages sont magnifiques et la proximité de Goreme, centre touristique local, nous assure une profusion de touristes à pied, de ceux qui ne font que quelques pas au milieu des troglodytes depuis le parking où leut autocar les attend sagement.
Nous descendons vers la rivière locale à Avanos (café, courses). D'abord nous longeons la rivière, c'est rare, c'est plat. Ensuite, nous la quittons pour remonter un affluent, passer des gués, voir une mercédès locale embourbée. Arrivée, au bout du bout, sur une route importante (la D300), où nous visitons le caranansérail local. Ces caravanansérails avaient cela d'épatant qu'on y était en sécurité, contrairement aux routes, qui ne sont pas sûres, et que le gîte et le couvert y étaient gratuits les 3 premiers jours. Ensuite, il fallait partir ou payer.
Nous déjeunons et faisons la sieste au caravanansérail. Ensuite visite, ensuite départ sur les vélos, via Urgup, vers Mustaphapasa où nous passerons la nuit dans un hôtel troglodyte.
Nous quittons tôt pour un crapahu compliqué vers Ibrahimpasa (l'autre ville en "pasa"). Par des chemins détournés, nous parvenons à un village où nous déjeunons. Le dessert est toujours le même: du nutella turc. nous visitons un troglodyte et traversons tous un souterrain obscur qui sert de sortie dérobée. C'est Christian qui nous a tous entrainés dans cette aventure. Après environ 50 mètres dans un noir absolu avec quelques lampes, nous sortons enfin en pleine lumière.
Nous passerons la nuit chez l'habitant à une adresse seulement connue de Maurice. Le village lui-même apparait à peine sur la carte. C'est là que, au petit déjeuner, nous découvrons un machin fameux fait à base de graines de sésame et qui a goût de touron. Personne d'autre dans le groupe ne trouve cela bon.
Montée énorme pour le départ, visite d'une église troglodyte, longs passages de plateau en plein vent, crevaisons et descente le mong d'une rivière. Nous finissons par rejoindre Goreme en descente, un thé rapide et retour au camp de base avec nos vélos.
Le jeudi 10, on se déchaine sur le terrain de jeux autour de Goreme avec deux passages à Goreme et un passage à Uchisar.
Vendredi 11, dernier jour, matin de vélo seulement. Après Cavusin, on s'attaque rapidement à la côte du siècle, qu'il faut bien monter, un détour étonnant pour aller boire un thé (ou un jus d'oranges), retour à notre point de départ en haut sur la montagne, suivi d'une interminable corniche en pleine pente vers Cavusin. À droite la montagne et à gauche 100 mètres de vide. C'est beau mais on se demande vraiment ce qu'on fait là. Retour à Cavusin pour laver les vélos, et les ranger pour ceux qui les avaient amenés de France.
Ce soir, le dîner est à la maison de notre hôte (dénommée "hôtel"). Il nous offre le dîner, excellent.
"Le Cyclotourisme, un art de vivre" |
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