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Super Randonnée de l'Ours Cathare

Du 26 au 28 juillet 2015

par Gérard Grèze
http://abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2015_randonnee_ours_cathare.html

logo_srQuelques jours de vacances à Argelès-sur-Mer, voilà une occasion d'aller faire du vélo dans les Pyrénées toutes proches.

L'ours Cathare, Super Randonnée, randonnée permanente proposée par l'Audax Club Parisien, voilà un beau programme, surtout en version randonneur. Il faudra cependant partir de Foix alors qu'en version "touriste" Prades aurait été plus proche.

Super-Randonnée, n'est-ce pas un peu prétentieux comme nom pour une randonnée cyclotouristique ?

Hé bien, surtout après l'avoir faite, je pense que non, car le principe de base est le suivant:

Bref même si c'est touristique c'est aussi très sportif. Et puis aussi pour prétendre au Randonneur 10000 il faut au moins une Super Randonnée et c'est la seule chose qui me manque pour avoir l'ensemble des randonnées nécessaires à ce Randonneur 10000.

L'idée est venue il y a quelques mois, en discutant avec Geneviève. Faire la randonnée à trois, avec Jean-Gualbert, ce sera bien plus sympa qu'en solitaire, même si dans les cols chacun roulera à son rythme.

Courant juin ça se décide, le départ est fixé au dimanche 26 juillet, si la météo est bonne, il n'est pas question d'aller grimper les cols sous la pluie et dans le froid, pas plus que de se risquer à faire des descentes sous la pluie. Fondus de vélo sans doute, mais pas fadas!

Finalement Geneviève ne nous accompagnera pas, elle ira pointer les BPF qui sont sur le parcours, à proximité de Foix. Et puis elle nous préparera le dîner au soir de la première journée puisque nous repasserons près de Foix où le camp sera dressé pour quelques jours.

Le camping est réservé à Mercus, ainsi qu'une chambre d'hôtel à Saint-Paul de Fenouillet.

La super randonnée se décomposera en trois étapes:


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Montreur d'ours des Pyrénées

Cette découpe correspond à ce qu'a fait Jean-Claude Chabirand en 2014 et si la première étape s'impose du fait du passage à proximité de Foix après 250 kilomètres, le second arrêt à Saint-Paul de Fenouillet est aussi bien placé car après il reste assez de distance à parcourir pour ne pas partir trop tôt le lendemain et respecter le délai. Et puis l'hébergement est disponible à Saint-Paul de Fenouillet. Sournia pourrait également être le terme de la deuxième étape car de Sournia à Saint-Paul-de Fenouillet la route est en descente, mais cela fait 23 kilomètres de plus pour la dernière étape.

Voilà donc un beau programme, à faire en moins de 55 heures, pour être homologué en Randonneur. Au-delà de 55 heures ce sera aussi homologué, mais en Touriste, et ça ne comptera pas pour un randonneur 10000.

L'Ours pyrénéen est une race disparue, les derniers ours ont été exploités par les montreurs d'ours et décimés par les chasseurs et les braconniers au XXème siècle, tandis que les hérétiques Cathares ont été éradiqués dès le XIIIème siècle et il ne reste que des ruines de leurs châteaux. La réintroduction d'ours venus de Slovénie se traduit par de multiples slogans "Non à l'ours" que nous verrons sur de nombreuses routes. Et on parle de classer les châteaux cathares au patrimoine mondial de l'Unesco.

Samedi 25 juillet on se retrouve au camping du lac à Mercus, la météo est bonne, avec un petit risque de pluie lundi matin, mais la journée devrait être ensoleillée et chaude mais sans excès. Il n'y a plus qu'à préparer les vélos et les provisions de route, car on va consommer beaucoup de calories.

Éclairages et gilet de sécurité font partie de la panoplie du super randonneur puisque pour respecter le délai il faut rouler un peu de nuit, sauf à rouler très vite. Jean-Gualbert pourrait le faire sans s'encombrer des accessoires pour la nuit, mais je monte les cols beaucoup moins vite que lui.

Dimanche 26 juillet :

ours_cathare_01Le départ est fixé à 7h00, le réveil à 5h45, car il faut prévoir le délai de route jusqu'à la sortie de Foix pour la première photo-contrôle. Puisque les points de contrôle sont pour la plupart des cols sans endroit où trouver le traditionnel tampon humide il n'y a que la photo avec le vélo comme preuve de notre passage.

Geneviève nous y amènera en voiture, pour ne pas rajouter 10 km à notre programme déjà bien dosé.
Bien sûr que nous regrettons qu'elle ne nous accompagne pas mais nous apprécions son assistance.

Nous sommes justes à 7h00 au panneau de sortie de Foix. Geneviève prend la photo, avec les deux randonneurs et leurs randonneuses.

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Panorama au col de Péguère

On est là pour gravir les montagnes et ça monte dès le premier kilomètre. Nous voici sur la route verte qui monte d'abord vers le col des Marous. La pente est modérée et on arrive facilement au col. La route continue de monter jusqu'au col de Jouels, ensuite la pente est plus faible pour aller vers le col de Péguère, la route redescend un peu puis remonte jusqu'à col du Portel, premier contrôle.
Photo-contrôle, il est 8h50.

À l'approche du premier virage de la descente nous rencontrons des vaches broutant paisiblement, ensuite la descente se poursuit avec de longues lignes droites sur une route étroite et très pentue. Après le carrefour de la route du col de Rille, que nous ne prendrons pas, la route devient plus sinueuse mais elle est moins pentue, c'est plus agréable à descendre.

La route vers le col du Portech commence à monter gentiment, mais il y a un passage plus ardu après La Rivière. On était prévenus, il y a deux chevrons sur la carte. Le col est franchi à 10h23.

La descente vers Moulis a aussi de beaux passages pentus et sinueux. Ensuite on prend une petite route qui serpente et propose quelques montées à fort pourcentage, notamment avant Montégut-en-Couserans, avec 15% de pente.

Arrêt ravitaillement à Prat, en bas de la descente, il faut profiter des commerces ouverts, comme c'est dimanche on n'est pas sûrs de trouver beaucoup de magasins ouverts dans l'après-midi.

Le col de Larrieu arrive ensuite, c'est encore une ascension facile. J'arrive au sommet à 12h48.

Descente sympa et à Aspet on trouve une boulangerie encore ouverte. Il était temps d'y entrer car les vendeuses semblent presque mécontentes de nous voir, c'est l'heure de la fermeture et notre arrivée les contrarie. Coca et tarte pour ce ravitaillement que je complèterai avec une banane tirée de mon sac.

Il commence à faire chaud et nous voici au pied du premier gros morceau de la randonnée, le col de Portet d'Aspet. Après une approche facile à l'ombre la pente se redresse pour les 4 derniers kilomètres dont la pente moyenne est de 9,6% et il fait maintenant très chaud. Je m'arrête un instant devant le monument à la mémoire de Fabio Casartelli, décédé sur le tour de France le 18 juillet 1995. On peut y voir les fleurs déposées pour le 20ème anniversaire.

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Monument à la mémoire de Fabio Casartelli
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Ma vitesse d'ascension se réduit et après ce col la fatigue va se manifester. J'atteins le col à 14h30.

Le col de la Core est aussi assez pentu, je roule moins vite que ce matin, mais je garde un rythme régulier, bien qu'un peu laborieux au début car il fait très chaud. En montant la température diminue et je me sens mieux. Photo au sommet à 16h53. Jean-Gualbert est allongé près du panneau, il n'a pas non plus aimé la chaleur.

Encore une descente rapide et en bas, à Seix les cafés sont ouverts, on s'arrête pour boire un verre et remplir les bidons. Finalement la serveuse me conseille de remplir les bidons avec l'eau de la fontaine en face qui est plus fraîche que l'eau du robinet. C'est tout à fait vrai et puis cette fontaine est pourvue d'une margelle en pierre sur laquelle je peux m'assoir le temps de remplir nos 4 bidons. En fait je remplirai presque 5 bidons puisque le premier sera immédiatement vidé par la soif qui s'est manifestée depuis le début de l'après-midi.

Nous repartons en direction du col de Latrape. La route monte doucement jusqu'à Ustou mais ensuite on a 8 km à 7,6% de pente moyenne. J'arriverai au sommet à 18h59.

La descente est encore très rapide et à Aulus-les-Bains nous ferons un dernier arrêt boisson pour faire un plein d'eau qui doit nous amener jusqu'à la fin de l'étape.

Jean-Gualbert devait pointer le BPF mais il a oublié. Il s'en aperçoit heureusement juste à la sortie de la ville, on n'a fait qu'un kilomètre. Il y retourne pendant que je continue de monter à mon rythme. Il me rattrapera au 4ème kilomètre, comment fait-il pour monter encore si vite ?

ours_cathare_05 Le col d'Agnes est aussi un col difficile, 8,2 % de pente moyenne pour 10 kilomètres. Ça commence à être difficile. Je ne vais pas monter bien vite, surtout que j'ai bien en tête l'étape du lendemain, avec presque la même distance et autant de dénivelé. Donc il faut garder des forces pour demain.

Le soleil baisse à l'horizon et le jour diminue lorsque j'arrive au sommet. Descente courte et rapide vers les étangs de Lers et il n'y a plus que le col de Lers à gravir, ensuite ce ne sera que de la descente jusqu'au camping de Mercus.

L'objectif pour moi va maintenant être d'arriver au sommet du col avant la nuit pour faire la descente avec les dernières lueurs du jour. Arrivée à 21h27. On perçoit les dernières lueurs au-dessus des montagnes. Je fais la photo rapidement, je regarde l'heure mais je la noterai plus tard sur la carte de route, il est urgent de s'élancer dans la descente.

La lumière étant parfois faible dans les passages en forêt je laisserai Jean-Gualbert partir un peu devant moi, je préfère garder un peu de marge pour bien voir les virages.

Arrivés à Vicdessos il fait nuit mais maintenant la route est peu pentue et il n'y a plus de virages difficiles. Et puis nous traverserons quelques villages avec l'éclairage public. Dans les zones sombres nous serons par moments éclairés par quelques voitures qui resteront prudemment derrière nous tant que la route ne sera pas assez sûre pour nous dépasser sans danger.

Voici Tarascon-sur-Ariège, plus que quelques kilomètres et nous apercevons le feu tricolore que marque le carrefour où nous devons tourner pour aller au camping. Il est 22h20.

Geneviève a préparé une bonne quantité de pâtes. Ce dîner sera vite avalé. Une bonne douche nous détendra avant une courte nuit. Réveil à 5h10 pour un départ à 6h00.

Lundi 27 juillet :

ours_cathare_06Il fait encore nuit lorsque nous quittons Mercus et après quelques kilomètres de plat nous voici au pied de la côte vers Roquefixade. Les premières gouttes de pluie apparaissent dès les premières pentes.

À Roquefixade les nuages ne sont pas loin et on ne voit rien de ce qui fait le charme de l'endroit. Il est 7h15 et il fait à peine jour quand nous nous lançons dans la descente étroite et sinueuse. Entre la buée et la pluie sur mes lunettes je ne vois pas très bien et je ne peux éviter une ronce qui dépasse sur la route et qui plante ses épines dans mon bras nu, juste entre la manchette pas assez remontée et la manche courte de mon maillot. Je m'arrête pour retirer les épines plantées dans mon bras. Finalement mes vêtements sont intacts!

Dans la vallée nous prenons la route de Nalzen où nous cherchons la route qui doit nous mener au col de la Lauze. Dans le village nous ne trouvons pas les indications du Road Book, il faut faire de la lecture de carte et avec un peu d'imagination on prend la bonne route puisqu'un peu plus loin nous voyons les flèches correspondant au Road Book.

La route est étroite et en mauvais état, avec la pluie je me dis qu'il y a tout ce qu'il faut pour la crevaison au mauvais endroit, mais nous y échapperons. Ça monte de plus en plus, notamment après un virage à gauche à prendre le plus à l'extérieur possible, le meilleur se présente à Gabachou où il y a un passage à plus de 15%. C'est bref mais laborieux. Ensuite la pente reviendra à des valeurs bien plus modérées. Le sommet de col de la Lauze est atteint à 8h45. Il pleut toujours et la température est bien fraîche.

Après quelques kilomètres de descente sur une route étroite et mouillée nous arrivons à Montferrier. Nous prenons alors la direction de Montségur et son célèbre château sur un éperon rocheux dominant le col et le village. La pente est régulière mais proche de 10% et si la nuit a bien apporté du repos, il n'y a plus beaucoup d'énergie dans les jambes pour de telles ascensions, bref je vais mettre beaucoup de temps pour atteindre le col. Le château est dans les nuages, nous ne verrons pas ce vestige de l'époque Cathare. Jean-Gualbert devant pointer le BPF ne m'a pas attendu au sommet, ce qui n'aurait pas été agréable avec la pluie, le vent et la fraîcheur. Je le cherche dans le village mais je ne le trouve pas. Finalement il m'attend au panneau de sortie. Il a enfilé sa veste de pluie et je l'imite car nous sommes bien mouillés et on va se lancer dans une descente assez longue et rapide. La pluie ne devait pas durer, mais le ciel est très chargé et on doute de voir la pluie s'arrêter bientôt. Les prévisions météo n'annonçaient pourtant pas un aussi vilain temps!

Après Belesta la route remonte vers le col de la Croix des Morts, il n'y a que 400 mètres de dénivelé pour 8 kilomètres, ça ne doit pas être trop difficile, hé bien ce n'est pas si facile que prévu, la pente est irrégulière et il y a quelques passages bien relevés.

Après ce col nous traversons le plateau de Sault avec une route presque plate jusqu'aux gorges du Rebenty où la route remonte alors en direction de La Fajolle et du col du Pradel.

À l'approche de La Fajolle je me souviens d'un passage à tandem qui avait été difficile dans le défilé d'Adouxes, avec un fort vent défavorable. Aujourd'hui point de tel vent mais une certaine fatigue qui me donne presque l'impression d'être sur un tandem, même petit développement et vitesse très faible.

À La Fajolle Jean-Gualbert doit pointer le BPF. Il se contentera de la photo du panneau à l'entrée, et je passerai devant lui sans le voir. Il me rattrapera dans le village où je ferais une pause à la fontaine pour remplir mes bidons et manger un peu avant de me lancer à l'assaut des 12 kilomètres menant au col.

La route est étroite et assez pentue au début, ensuite la pente est plus modérée. Ce versant est très boisé, les jours de forte chaleur il doit y faire frais. Aujourd'hui il y fait presque froid, mais à monter on se réchauffe ! Le sommet est à la limite des nuages. J'y arrive à 13h39 et je trouve Jean-Gualbert assis à l'abri du vent derrière une voiture garée sur le bord de la route. Je n'avais pas eu le temps de lui dire de ne pas m'attendre au sommet mais plus bas, dans un endroit plus chaud et abrité. Je lui passerai la consigne pour le Port de Pailhères.

Dans la descente du col du Pradel on sort vite des nuages et la température remonte. La route est plus large que sur l'autre versant et on arrive rapidement à Lavail, au carrefour de la route du port de Pailhères, point culminant de la randonnée, avec 2001 mètres d'altitude. Col sympa pour les membres des 100 cols avec juste ce qu'il faut pour être un col de plus de 2000 mètres. Il ne pleut plus mais les sommets sont toujours dans les nuages.

Jean-Gualbert s'envole vers le sommet et moi je me sens lourd et sans force. 11 kilomètres de montée à presque 10% de pente moyenne, ça va durer un bon moment. Il y a quelques passages plus pentus, notamment autour d'Ascou Pailhères, station de ski déserte en cette saison.

ours_cathare_07Après la station je retrouve les nuages et le froid. Je m'arrête remettre ma veste de pluie que j'avais retirée plus bas et je mets mon couvre casque. Ça donne tout de suite une impression de chaleur et comme je monte lentement je ne vais pas beaucoup transpirer. L'arrêt se prolonge car j'ai besoin de m'alimenter. À l'approche du col la visibilité est très réduite et on ne voit que les quelques mètres de route devant soi. Le vent devient assez violent, le col doit être proche! Je l'atteins à 15h53. Je m'abrite derrière le petit bâtiment sur lequel est fixé le panneau du col.

Je ne m'attarde pas et me lance dans une descente dont j'avais oublié la sinuosité. Une trouée dans les nuages me montre qu'il y a une petite remontée en ligne droite, je lâche les freins pour profiter au maximum de l'élan. Les nuages disparaissent vite, la visibilité redevient bonne et la pluie cesse.

Les virages se succèdent rapidement et à Mijanès je vois le vélo de Jean-Gualbert qui m'attend attablé dans la boulangerie. Il a pris une boisson fraîche, mais je vois qu'on y sert des boissons chaudes alors pour moi ce sera un grand café avec deux pâtisseries. Il faut se restaurer et aussi se faire un plaisir alimentaire, ça aide à ne pas se demander pourquoi on se lance dans de tels défis sportifs. Enfin le plus dur est fait, il n'y a plus de grandes montées et plus de fortes pentes.

On est déjà en bas et la route remonte vers Quérigut, la pente est modérée et ça roule bien. Dans Quérigut la route de redresse et on a encore une belle montée dans la forêt des Hares, mais ça ne dure pas longtemps. A l'approche des Pyrénées Orientales les nuages se dissipent et le soleil apparait.

On redescend vers Puyvalador et la route devient presque plate sur le plateau du Capcir. À Matemale la route remonte gentiment vers le col de la Creux. Photo contrôle à 18h32. On n'a monté que pendant 4 kilomètres, mais ensuite il y en a 22 de descente jusqu'à Olette.

La route est étroite et sinueuse, avec quelques freinages assez violents, on finit par avoir mal aux mains. Il y a de beaux points de vue sur la vallée et les montagnes environnantes, le paysage a pris des airs méditerranéens, mais il ne faut pas trop quitter la route des yeux. On arrive à Olette un peu après 19h00, les commerces sont encore ouverts, c'est l'occasion d'un dernier arrêt ravitaillement, à la boulangerie-épicerie. Un banc nous accueille quelques minutes. J'en profite pour appeler l'hôtelier de Saint-Paul-de-Fenouillet pour annoncer notre heure d'arrivée estimée et aussi pour négocier un plateau petit-déjeuner, en complément du plateau dîner. Il nous reste 64 kilomètres pour arriver à l'hôtel, avec un col et quelques côtes complémentaires, mais l'ensemble ne doit pas être difficile. Prudent j'annonce une arrivée un peu avant minuit.

Nous repartons vers Villefranche-de-Conflans, ça continu de descendre et ça va bien. La petite route recommandée par le road book pour rejoindre Prades nous secoue généreusement, on se demande si à cette heure avancée de la journée il n'aurait pas été mieux de rester sur la route nationale jusqu'à Prades.

Dès la sortie de Prades la route remonte. Nous sommes sur les pentes du col de Roque-Jalére. La pente est modérée mais la Tramontane souffle et au fil des lacets le vent est favorable ou contraire. Comme hier soir l'objectif va être d'atteindre le sommet avant la nuit pour faire la descente avec les dernières lueurs. Photo à 21h27, je noterai l'heure sur la carte plus tard, il faut descendre tout de suite. La descente est sinueuse mais pas trop pentue, il n'y aura que peu de freinages violents. Les lumières s'allument quand nous entrons dans Sournia. Plus que 24 kilomètres avant l'hôtel.

La route remonte légèrement à la sortie de Sournia mais ensuite ce ne sera que de la descente. C'est assez sinueux mais pas trop pentu, avec les éclairages de nos vélos et les lampes frontales on voit très bien la route.

Finalement j'étais très pessimiste pour l'heure d'arrivée, nous entrons dans Saint-Paul-de-Fenouillet à 22h57. 23 heures sonne au clocher quand nous sortons du village pour rejoindre l'hôtel à un kilomètre sur la route Quillan.

Nous sommes attendus, les hôteliers vont pouvoir se coucher plus tôt que prévu, nous aussi. Le plateau dîner est très bien, les vélos sont rangés sous la loggia, la douche est chaude et le lit est confortable.

Il est temps de dormir un peu, jusqu'à 4h15, pour un départ à 5h00. On devrait pouvoir dormir un peu plus, mais on préfère garder un peu de marge.

Mardi 28 juillet :

Je dormais profondément quand le réveil a sonné, mais il ne faut pas perdre de temps, il reste 115 km pour terminer la randonnée et même si le parcours du jour ne doit pas être difficile, il y a encore quelques cols et côtes à gravir.

Le petit-déjeuner est très bien avec tout ce qu'il faut pour des sportifs, on doit pouvoir aller assez loin sans besoin complémentaire.

Il fait nuit et nous ne rencontrons personne à Saint-Paul-de-Fenouillet. Je vois une flèche qui indique la direction des gorges de Galamus, mais le GPS de Jean-Gualbert dit que ce n'est pas cette route qu'il faut prendre, alors on continue tout droit. Nous voici au centre du village devant un autre panneau indiquant la direction des gorges, mais la rue est maintenant en sens interdit ! Ah le GPS...

La route monte légèrement avant d'atteindre les gorges de Galamus, le ciel est clair, la tramontane souffle encore et la direction du parcours nous envoi face au vent. Espérons qu'on sortira rapidement de la zone de la tramontane.

On arrive au col du Linas à 6h27, il fait presque jour. Dans la descente nous croiserons les premières voitures.

À Bugarach il faut ouvrir l'oeil, il y a deux ralentisseurs qu'il vaut mieux éviter à vélo. Il n'y a pourtant pas beaucoup de voitures à faire ralentir dans le coin !

Après Couiza la route remonte doucement vers le col des Tougnets puis le col de Festes, cette étape doit être facile, il n'y a plus que des petits cols et il n'y a plus de vent, on devrait rentrer à Foix tranquillement.

Le road book dit alors de prendre à gauche la route de Piccolordy et là on a la surprise de se retrouver face à un mur à gravir. Ce n'est pas long mais c'est très pentu et puis il y aura encore quelques passages qui demanderont des efforts qu'on n'avait pas prévu en cette fin de randonnée.

Voici le col de Tuquet, il n'y a pas de panneau du col, mais des flèches indiquant la direction des lieux-dits "Machore" et "Bouquié", c'est là qu'il faut faire la photo-contrôle.

Nous redescendons vers Chalabre et peu après nous revoici en Ariège. À l'approche de Villaret je vois un panneau annonçant la direction de Lérant. Je me dis que ce n'est pas sur l'itinéraire et au moment de regarder la carte pour vérifier ma route j'entends Jean-Gualbert qui m'invite à revenir un peu en arrière, au carrefour où j'aurai dû tourner si j'avais été plus attentif. On quitte une route plate pour une nouvelle côte, mais ce sera bref, on redescend vite vers Le Peyrat puis la Bastide-de-l'Hers. Jean-Gualbert appelle Geneviève que nous devons retrouver dans Foix. Ensuite la route est presque plate jusqu'à Carla-de-Roquefort où commence la montée du col de Sarnac, dernier contrôle. Il est 11h00 quand nous arrivons au sommet, plus que 17 km et ce sera l'arrivée.

Encore un petit col à passer, le col de Charcany, mais la pente est très faible, ensuite on doit passer le col de Py; qui est encore plus facile car il est en descente. Ce sont les rares cols que j'aurai passé avec Jean-Gualbert. Une petite remontée à proximité de l'autoroute nous ralenti à peine et au début de la dernière descente le panneau marquant l'entrée de la ville apparaît. Dernière photo-contrôle, il est 11h38, on est largement dans les délais, on aurait pu dormir un peu plus et traverser les gorges de Galamus de jour. Ensuite il n'y a plus qu'à se laisser glisser dans la descente finale avec de belles vues sur la ville de Foix dominée par son château bien préservé car toujours utilisé, à des fins militaires ou comme prison.

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Geneviève nous attend sur le pont moderne, au-dessus de l'Ariège. Tout va bien, le soleil est là et il n'y a plus qu'à chercher un restaurant. Déjeuner en terrasse, enfin un repas plus convenable que nos divers arrêts ravitaillement.

Voilà une bonne chose de faite, cet ours cathare est coriace, mais on l'a eu!

Dommage que la météo du deuxième jour a été humide et froide, notamment pour les plus hauts cols, mais finalement on est passé sans trop souffrir du mauvais temps. Pourtant entre le col du Pradel et le col de Pailhères on aurait pu douter et se décourager.

Le fait d'être deux nous a certainement aidé à endurer ces moments difficiles, et puis finalement après quelques kilomètres de descente de ces cols nous avons retrouvé un temps sec et plus doux. Et après le col de Pailhères tout est presque facile.

Bref c'est une belle randonnée avec beaucoup de routes tranquilles. Finalement c'est faisable, et on peut même dormir, mais c'est vrai qu'en version randonneur il ne faut pas trop s'attarder en route.

Bien sûr si on veut profiter des paysages la version touriste est plus adaptée et aussi plus abordable si on ne grimpe pas trop vite les cols.

Gérard Grèze


"Le Cyclotourisme, un art de vivre"