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Flèche Le Havre en 3 jours

(250 km, 16 Aout 2020)

 

par Jean-Pierre
https://www.abeille-cyclotourisme.fr/souvenirs/2020-08-fleche_le_havre.html

2020-08-16 (dimanche 16).  Premier jour de flèche

En préparation, je suis allé pointer Maisons-Laffitte la semaine dernière. Ceci me permettra, le jour venu, de partir des Alluets et de virer ma première bouée à Meulan les Mureaux, second contrôle de la flèche, au lieu de faire ce qui, partant des Alluets, serait un simple aller-retour vers Maisons-Laffitte. 

Je surveille la météo. Comment éviter canicule, vent d'ouest et pluie tout en campant ? Le 16 arrive: c’est un dimanche, lendemain de 15 août. La météo a prévu une pause du vent d’ouest, en contre-partie d'un gros orage le matin tôt. Orage du matin => Décision prise: départ demain matin (lundi) vers 6:00 avec ptidej à Meulan. Toutefois, vers les 8:30 du matin, en fait d'orage, il y a tempête de ciel bleu: - Pas de pluie ... Ça vaut le coup de partir dès maintenant. Je pars. 5' après, il pleut sur le plateau des Alluets. Je rentre derechef cherche mon cuissard en gore-Tex. Que dit, maintenant, la météo: "Sitôt 10:00 passé, il fera beau". 10:00 passe, et repasse... sous des trombes d’eau, qui se poursuivent toute la journée (sauf à la Roche Guyon ou je déjeune au resto pour cause de pluie, sous un soleil éblouissant. Aux Andelys, là ou il y avait autrefois une boulangerie qui servait les meilleurs gâteaux de riz de la galaxie, on trouve maintenant l’Office du Tourisme. Il y pleut des cordes. La météo dit que la pluie ne cessera pas avant minuit. Un temps à passer une nuit tranquille à l’hôtel. De fil en aiguille, la boulangère de l’Office du Tourisme me trouve un hôtel: un Kyriad, peu avant Louviers, rive gauche. C’est sur le chemin. J’y vais, et le ciel se met au bleu. Pour le 10 derniers kilomètres après être repassé rive gauche de la Seine, Google Maps m’offre un festival de chemins de gravier interdits à la circulation. Comme en Angleterre à l’ étape du 19 mai 2014 au soir, je dois passer des portails verrouillés en portant à bout de bras un vélo d’une tonne, dans le dernier souffle de mon téléphone à la batterie épuisée. Bon chien, le téléphone rend son dernier souffle au dernier franchissement de portail infranchissable. J’arrive au Kyriad à 19:00 précises (la limite imposée et acceptée aux Andelys), sous une tempête de ciel bleu, comme d’habitude. Il n'y avait en fait aucune urgence: le Kyriad est presque vide. Après la douche, au moment de sortir dîner, des trombes d’eau fusillent toute idée de dîner au resto. Toutefois ...  il y a depuis Meulan, dans ma sacoche, un taboulé orphelin. Ça fera le dîner. Après l’heure du dîner, dès qu’il est bien clair qu’il est trop tard pour aller au resto, la pluie cesse.

Avec tout ça... 105 km au compteur pour la journée; quand-même.

Lundi 17. Louviers - Caudebec en Caux

Nœud d’autoroutes. Il faut trouver une route qui va à Louviers sans être une autoroute. Google trouve (mais ... que faisions-nous avant Google ?). Quatre kilomètres plus loin, à Louviers, je retrouve la trace, qui attaque LA côte du parcours: une côte terrible. Dans son compte-rendu de 2012 , Thierry n'en dit qu'un mot, pour dire que c'est presque plat. C'est fou ce que le relief peut changer en 6 ans.

Ensuite, longue traversée de nulle part jusqu’à Gros Moulu, face au vent d’ouest qui n'a pas oublié de se lever ce matin.

A Gros Moulu, à droite vers le pointage de Bourg-Achard, très haut au dessus de la Seine, rive gauche. C’est le jour du marché. Masque obligatoire. Sieste aussi.

Pont de Brotonne
Sur le pont de Brotonne

Sieste faite, sauf à prendre les bacs, il n'y a pas de choix d’itinéraire. Il faut partager une grande route avec camions et voitures. Ce n’est que 4 km avant le pont de Brotonne qu’on peut prendre une petite route parallèle à la grande. Ce pont n’est pas moderne: pas de pistes cyclables. Alors, pour laisser passer les vélos, la voie de droite toute entière leur est réservée (ainsi qu'aux tracteurs agricoles). Ce n’est pas du tout rassurant: on roule, tout seul, sur une voie bien trop large, à 6 km/h sur cette montée à 7%, doublé sans interruption par une file compacte de camions et voitures, rassemblés sur une file et voyant à leur droite une file résolument vide, avec juste, parfois, un rare vélo piochant dans la côte. Et s’il leur prenait l’envie de doubler par la droite ? Ce qui es curieux, quand-même, c'est qu'au cours du mille de l'an 2000, on était passés là après plus de 24 heures de vélo non-stop, et le pont de Brotonne était encore plat, à cette époque. Maintenant, c'est comme un grand compas posé sur les deux rives de la Seine, avec un angle de 7% (oui, c'est le sinus de l'angle avec l'horizontale). Seule explication plausible: les deux rives de la Seine se sont rapprochées, obligeant le compas à accroître son angle...  Quant-à Thierry en 2012, il a pris un bac... Peut-être !

Mais les bacs ne circulent pas aujourd'hui.

A Caudebec, le camping attend le chaland, face à la seine et aux rares bateaux qui l’empruntent. Pas de resto à proximité, juste un snack.

Mardi 18. Caudebec en Caux - Le Havre

Les bateaux qui passent font vibrer la Seine et le camping. Tout ça, la nuit, dans une brume fantômatique comme dans certains épisodes brumeux de Sherlock Holmes. Le matin, rosée et pas de petit dej. Voie verte le long de la Seine, ouvrant en 2020. Mais pas non plus de petit dej au village suivant, ni au suivant où le parcours fait une coupe, il faut donc abandonner la voie verte, à Norville, et monter sur le plateau. En haut, hôtel servant un petit dej. Il était temps !

Arrivé à Petit Couronne, la flèche quitte de nouveau la voie pour vélos tracée par les autorités et pique au plus profond du royaume des raffineries. ExxonMobil à droite avec son unité lubrifiants. Thierry décrit bien cette zone qui ne semble pas avoir changé en 8 ans (mais alors, il n'aurait pas pris le bac). La trace va ainsi récupérer ceux qui ont pris l'autre rive (et 15 km de plus) et rejoignent la rive droite en bac. Ce paysage industriel nous amène à Tancarville, où tout change. Finie la zone limoneuse plate propice aux constructions portuaires, on est au cap de Tancarville, avec son château, ses pentes et ses forêts. La route normale montant en serpentant à Tancarville haut est fermée pour travaux, même aux vélos. Mais la trace ACP, elle, est bien ouverte avec juste un sens interdit pour interdire le passage. Cette trace retenue par  l'ACP ne s'embarrasse pas de lacets: elle file droit dans la pente jusqu'au cimetière du village haut, où on atteint bien un bon 15%. Je présume que Thierry a pris la route normale et non la trace ACP en 2012. On la voit à peine partir sur la gauche et rien ne vient suggérer qu'il ne faut pas prendre la route normale. Le traceur de parcours de l'ACP doit être un grand malade, ou c'est encore un coup réussi du mauvais génie caché dans le traceur automatique d'itinéraires d'Openrunner. 

Interrogé à leur sujet, Laurent m'a précisé: "Ces vaches sont des limousines élevées pour la viande, leur lait est réservé à leur veau". Ce serait donc bien des immigrées clandestines en Normandie

Vaches immigrées clandestinesC'est là que je rencontre un quarteron de vaches qui me semblent être des immigrées clandestines.

Après, un brin de causette avec les vaches,  c'est moche en haut, puis moche en bas, puis moche en remontant. Passé le panneau du Havre, une fois en haut de la monstrueuse côte qui nous hisse, à l'entrée du Havre, de 10 m à 150 m, on réalise que la ville sera en bas et non en haut  et on redescend vers la gare ou vers le centre ville un peu plus loin.

La flèche est finie. ce sera nuit à l'hôtel: pas de camping au Havre.

Le mercredi 19 , ce sera, sous la pluie, un enfer de vallées profondément encastrées dans le plateau, du Havre à Fécamp, puis la voie verte salvatrice Fécamp - Cany Barville.

Le jeudi 20 , ce sera un raid éclair du camping de Cany Barville sur St Valéry en Caux (et son BPF que je n'avais pas pointé lors du 1000 de l'an 2000) par la nationale sur le plateau, un retour par la crête de la falaise jusqu'à la centrale de Paluel et retour du village de Paluel à Cany Barville en remontant la rivière. De Cany Barville, avec de nouveau la tente et tout le barda empilé sur le vélo, remontée de la rivière jusqu'au plateau, puis de là jusqu'à la gare de Yvetot où passera bien un jour un train vers Paris St Lazare. La SNCF n'a pas acheté de conduite dans son traitement des cyclos. Dans un accès d'humanité, le contrôleur m'a dit que la SNCF faisait l'effort de ne pas chasser les cyclos surpris dans des TER avec des vélos chargés (car, c'est une nouveauté, un vélo est censé rouler déchargé). Ce train TER, de 15h30, n'a aucun emplacement vélo et, de plus, il traversera Poissy en trombe sans même s'y arrêter. De Saint Lazare, ce sera retour par Saint Nom la Bretèche en dépit des travaux sur les voies. Incompréhensible, la SNCF !

Jean-Pierre




"Le Cyclotourisme, un art de vivre"